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autres peintres qui l’accompagnèrent à Assise, romains ou florentins, Fra Jaeopo Torriti, Filippo Rusuti, Gaddo Gaddi, Giovanni Cimabue, etc.

L’incertitude des dates pour les âges, les éducations, les voyages, les travaux de ces différens artistes, le délabrement, aggravé par les réfections anciennes ou récentes de leurs fresques, rendent assurément fort difficile une répartition exacte de leur activité, et même une attribution probable de leurs rôles respectifs dans cette vaste opération collective. Ce qui semble assez vraisemblable, néanmoins, c’est la prépondérance, successive ou simultanée, des deux chefs, reconnus alors et constatés par l’histoire, de l’école romaine et de l’école florentine, Pietro Cavallini et Giovanni Cimabue. Cavallini est déjà un maître célèbre ; à la même époque, ou peu de temps après, il est chargé de décorer, par mosaïques et peintures, la basilique de Saint-Paul où le Florentin Arnolfo di Cambio édifie et sculpte l’élégant tabernacle dont les sculptures sont déjà empreintes d’une grâce attique (1295). Bientôt il va, dans les mosaïques du chœur à Santa Maria del Trastevere, rajeunir, dans un esprit nouveau de simplicité familière, les épisodes les plus populaires de la Légende virginale, et dans les fresques grandioses de Santa Cecilia, récemment rendues à la lumière, témoigner d’une vigueur imposante dans le développement original des traditions indigènes. De 1308 à 1314, enfin, on le trouve, à Naples, dans ce milieu français qui accélère si nettement l’évolution naturaliste, occupé et pensionné par le roi Robert, ainsi que ses compatriotes, Giotto, Arnolfo di Cambio Giovanni Pisano, Tino di Camaino, etc., etc. M. Verituri n’hésite pas à lui attribuer ces vivantes et dramatiques peintures de Santa Maria Donna Regina où M. Bertaux voyait la main des Siennois. « C’est, dit-il, son testament de peintre. »

Vis-à-vis de Cavallini le Romain, son cadet, quel fut, quel put être le rôle de Cimabue le Florentin, son aîné ? Dès 1272, nous l’avons rencontré à Rome. Qu’y apportait-il de son pays ? Peu de chose, sans doute, si l’on en juge par la persistance des pratiques et formules démodées dans la coupole en mosaïque du Baptistère florentin, commencée par le grec Apollonios, continuée par Andréa Tafi. En revanche, il y reçut certainement, de tous côtés, des leçons de style monumental, dans les églises encore pleines de monumens et débris antiques,