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parlementaires, et ceux qui y assistaient se sont fait remarquer par leur réserve ; nous n’exceptons même pas M. Vallé, malgré la crudité de ses expressions ; nous n’excepterons que M. Camille Pelletait qui, dans sa lutte contre un cabinet dont il ne fait pas partie, a depuis longtemps brûlé ses vaisseaux. Et c’est pourquoi les violences du Congrès de Rouen ne prouvent nullement que le ministère soit menacé : il y avait là beaucoup d’électeurs, mais fort peu d’élus, et la plupart de ces électeurs ne pouvaient guère parler que pour eux-mêmes. En veut-on une preuve ? Nous avons cité un mot de M. Muller, dont le discours a provoqué un grand enthousiasme. Si M. Muller n’est pas député, ce n’est pas sa faute ; il s’est présenté aux élections dernières, mais il est arrivé le cinquième sur cinq candidats et il n’a réuni que 825 voix sur 13 000. Qu’on juge par cette proportion de ce que représente le Congrès de Rouen. Il a donné à M. Vallé la satisfaction d’entendre parler les vainqueurs ; mais aujourd’hui la parole est à M. Briand, et elle sera demain à la Chambre. Ce sera alors plus sérieux. D’autres préoccupations que celles du Congrès d’hier rempliront peut-être les esprits. Au moment d’écrire ces dernières lignes, la nouvelle nous arrive de la grève du chemin de fer du Nord. Bien que le fait fût prévu depuis quelque temps déjà comme la conséquence inévitable de toute une politique de complaisances et de défaillances, il est de nature à faire impression, même sur le parti radical et radical-socialiste, et à produire une union moins jalousement étroite que la sienne, plus désirable et plus utile.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.