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BISMARCK ET L’ÉPISCOPAT
LA PERSÉCUTION (1873-1878)

II.[1]
LA PREMIÈRE APPLICATION DES LOIS DE MAI (Juin-Décembre 1873)

Un jour de mai 1873, un président de consistoire protestant causait avec Auguste Reichensperger. « L’issue de la lutte, lui disait-il, dépend de l’attitude des évêques, et la majorité des ecclésiastiques et des paysans protestans les secondera. » Reichensperger acceptait l’augure, mais d’autre part il prévoyait en tremblant l’effroyable poussée d’athéisme dont les populations allemandes seraient bientôt les témoins et les victimes.

Tandis que les âmes religieuses s’inquiétaient de ce que deviendrait en Allemagne le christianisme, une seule chose importait aux hommes d’État de Berlin, c’était que l’Église se soumît, et comme ils avaient légiféré sur elle sans la connaître, leur ignorance même leur faisait espérer sa capitulation. « Une fois ces lois mises en vigueur, prédisait le juriste Friedberg, toute agitation cessera ; on aura d’ailleurs assez d’énergie pour étouffer les infractions. »

Comment croire, reprenait l’historien Sybel, que les évêques d’Allemagne, après s’être conduits si pitoyablement au concile,

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.