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on pouvait encore dire que la candidature Hohenzollern amènerait des complications pendantes. Cette candidature n’existe plus, on l’a déjà presque oubliée. Et cependant, nous avons la guerre, — cela prouve qu’elle ne servait que de prétexte : à présent, nous n’avons pas d’autre devoir ni d’autre issue qu’une part active à la guerre. Cette lutte est juste, nécessaire, sainte, et elle sera soutenue pour défendre le sol de l’Allemagne.  » On fut stupéfait à Vienne d’apprendre que la Bavière, sans prendre aucun conseil de l’Autriche, se jetât dans la mêlée à côté des ennemis de 1866. Interrogé, le Roi répondit qu’ « il subissait une nécessité comme l’histoire en avait enregistré plus d’une fois, mais qu’il n’oubliait absolument rien du passé, ni dans son ressentiment, ni dans sa reconnaissance.  »


VIII

En Wurtemberg, à Bade, à Darmstadt, les crédits de guerre furent votés sans opposition. En Wurtemberg, Varnbühler avait été double quelquefois vis-à-vis de la Prusse, et toujours vis-à-vis de nous. Il allait fréquemment à Varzin, nous raconte le distingué ministre italien à Stuttgard, Greppi, mais chaque fois, à son retour, il disait au comte de Saint-Vallier pour le rassurer : « Si mon esprit est à Berlin, mon cœur est à Paris[1].  » En cette occasion, il joua un rôle de très habile hypocrisie. Il ne rêvait rien autre que l’amitié avec la France et tout contact avec l’ogre prussien lui était odieux, disait-il à Saint-Vallier, le 15 juillet, mais nous l’avions contraint par notre politique à une nécessité douloureuse : « Ah ! si vous n’aviez pas insulté le roi de Prusse en lui demandant une garantie après qu’il vous avait sous-main procuré la renonciation ; si vos journaux avaient été moins injurieux envers le vieux Roi, tandis que les journaux allemands étaient si calmes ! jamais je ne serais sorti de la réserve à laquelle j’étais décidé. Par vos exigences, vous vous êtes donné l’air de vouloir la guerre à tout prix. Hier, j’ai décliné les ouvertures prussiennes ; tout à l’heure, je vais être forcé de les accueillir.  » Or, dès le 12 juillet, nous venons de le dire, ce menteur effronté avait envoyé à Berlin l’assurance « que si la guerre éclatait, la France trouverait l’Allemagne unie.  »

  1. Greppi, Une coulisse du théâtre de la Guerre.