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Dans ces vols, les vols en rase campagne, toutes les règles, exposées dans les pages qui précèdent, doivent, cela va de soi, être constamment appliquées. Seulement, afin d’échapper aux courans ascendans ou descendans, aux remous, tourbillons, etc. qu’engendrent les inégalités du sol, il sera prudent de se maintenir toujours à une grande hauteur au-dessus de la terre ferme : 500 mètres environ, 300 mètres au minimum. En cas d’alerte, on ne devra pas hésiter, si le moteur le permet, à monter plus haut. Autant que possible, les grands vols devront être soigneusement préparés à l’avance. Par exemple, avant de se risquer à aller de Paris à Lille d’une seule traite, on commencera par étudier la route en automobile : on s’apercevra facilement qu’il y a avantage à passer par Amiens, Arras et Douai, ces agglomérations constituant des but temporaires qu’il est aisé de voir et de reconnaître de loin ; puis, entre ces différentes villes, on cherchera des points de repère, faciles aussi à reconnaître, qui ne devront pas être à plus de 15 ou 20 kilomètres les uns des autres et serviront, eux aussi, de buts temporaires. La carte sera toujours d’une grande utilité ; elle est indispensable si l’on n’a pu jalonner la route à l’avance. Dans ce cas, les clochers, les gares, les croisemens de voies ferrées, les rivières, les points culminans, etc., seront pour l’aviateur autant de points de repère ou de buts temporaires qui faciliteront le voyage.

Toutefois, pour assurer le succès et pour une raison majeure qui sera donnée tout à l’heure, il est absolument indispensable que l’aviateur, une fois en plein vol, puisse, à chaque instant, savoir s’il a vent debout, vent arrière ou vent de côté. Pour cet objet, le ruban ne peut être d’aucune utilité, car lorsqu’un aéroplane se meut à la hauteur indiquée tout à l’heure, au sein d’une immense masse d’air dont le mouvement d’ensemble est à peu près régulier, il a constamment vent debout et, par suite, le ruban reste sans cesse parallèle à l’axe de la machine qui, sous l’action de la masse d’air qui la noie, peut très bien dériver sans que l’aviateur puisse le soupçonner. Le ruban, lui, ne changerait momentanément de direction que si le vent sautait, si l’on abordait un virage. Quant à la boussole, dont l’utilité est incontestable, la dérive, non plus, ne saurait l’affecter.

Le seul moyen de se rendre compte de la dérive, quand on vole au-dessus du sol, est de regarder au-dessous de soi. Si on