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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/525

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En colonne au Maroc — Impressions d’un témoin


I. CASABLANCA. — DE CASABLANCA À SALÉ RABAT ET SALÉ. — DE SALÉ A FEZ


I. — CASABLANCA

L’lméréthie, apportant des renforts pour le corps expéditionnaire, a jeté l’ancre en rade à deux heures du matin. Dès que le jour paraît, la sirène lance des appels précipités. Une vedette à vapeur quitte enfin le port dont on aperçoit au loin les constructions blanches, et la petite jetée, cause d’un gros procès entre l’État et la Compagnie concessionnaire, pour venir aux nouvelles. Malgré la télégraphie sans fil et les communications pos taies quotidiennes, aucun transport militaire n’était, paraît-il, attendu aujourd’hui. On s’explique, et la vedette repart, pour chercher les engins de débarquement.

Ils arrivent, incommodes et lents. De grosses barcasses, lourdes et ventrues, s’accostent par quatre aux flancs du navire. La houle, très forte, leur imprime des oscillations dangereuses, rompt les amarres, brise les échelles. Les fantassins, gênés par leurs souliers, leur sac, leur fusil, hésitent avant de sauter, manquent parfois l’instant précis, se laissent glisser pesamment, tombent au fond de l’embarcation en des attitudes dépourvues d’élégance. Plusieurs intimidés par le bruit des vagues, par les bonds désordonnés de la barcasse, ont des mouvemens effarouchés de poule en présence d’un obstacle inattendu. Les dames de la