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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/618

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ROMANCIERS ANGLAIS CONTEMPORAINS




M. H.G. WELLS[1]


L’aventure intellectuelle de M. Wells est assez simple, et elle ne manque pas de signification. Son esprit alerte, dégagé et scientifique ne s’accommode pas aisément de ce qui est. Son imagination a autant de complaisances pour le possible que son observation a de sévérité pour le réel. Il a commencé par des fantaisies qui étaient déjà des satires, et il a continué par des satires où il reste bien encore quelque fantaisie. Ici et là, une même pensée se manifeste, un même idéal dont la chimère ne laissé, après de vains rêves, que tristesse et désenchantement. Les idées de cet utopiste et le cas de ce mécontent offrent le plus vif intérêt, que ravive encore et que rafraîchit la crise sociale où nous voyons l’Angleterre engagée.


I

Une imagination nourrie aux lettres se tient volontiers près de la vie : elle ajoute, à ce que lui fournit l’expérience individuelle, les témoignages des moralistes, les peintures du théâtre, les intuitions des poètes. Eprise de la réalité telle que la

  1. Voyez dans la Revue du 1er décembre 1904, l’étude de M. Augustin Filon : Romancier prophète et réformateur H. G. Wells. Elle nous eût interdit sans doute de revenir sur le sujet, si la production féconde de M. Wells n’avait multiplié, durant les sept années qui ont suivi, les nouveaux livres, et si d’ailleurs la crise présente de l’Angleterre ne leur donnait une singulière actualité.
    La plupart des œuvres de Wells ont été traduites en français par M. Henry D. Davray (Librairie du Mercure de France), et nous citons de préférence d’après ces traductions.