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France. La même année, dans le volume que la Société de statistique anglaise édita à l’occasion de son jubilé, le savant français avait été invité à fournir une communication : il répondit à cette invitation flatteuse par un article sur la Statistique graphique. En 1886 et 1887 parurent ses remarquables Statistiques de la superficie et de la population des contrées de la terre, documens fondamentaux pour les études de démographie.

Le 23 janvier 1889, il faisait, à une réunion d’officiers, une conférence sur la Statistique, son objet, son histoire, et il apprenait aux futurs chefs de nos armées quelle méthode il convient d’employer pour connaître les élémens de la force des nations. Les 21 et 28 décembre de la même année, toujours prêt à payer de sa personne lorsqu’un intérêt public était en jeu, il reparaissait devant le même cercle militaire et traitait la question des Céréales, essentielle pour le ravitaillement des troupes et, par suite, pour les opérations de guerre.

Son ouvrage sur la Population française, qui ne comprend pas moins de trois volumes, est une de ses œuvres maîtresses, où sont rassemblés des documens historiques et démographiques du plus haut prix. Il débute par une Introduction sur la statistique qui contient l’exposé des idées de l’auteur sur cette science, ses méthodes et le degré de probabilité de ses résultats : elle est, selon lui, un mode de comptabilité qui a pour objet, en vue de l’établissement du bilan social, certaines catégories de faits sociaux. Quand ils n’émanent pas d’une administration publique ou ne sont pas soumis à l’enregistrement, il faut les réunir par des procédés particuliers d’investigation ou de dénombrement. La statistique doit, d’une part, colliger les faits enregistrés par voie administrative ; d’autre part, établir des enquêtes pour les faits qui ne sont pas enregistrés officiellement, en dresser le compte et en discuter les résultats.

Après avoir narré l’histoire de la population française depuis les origines, l’auteur en compare l’état et le mouvement à ceux des autres populations d’Europe ; il en étudie la répartition ; il mesure les rapports qui résultent des divers mouvemens, âge, longévité, survie. Il n’oublie pas la statistique morale, vice et crime, instruction et éducation, et affirme que le libre arbitre, « fondement de la moralité, » n’est pas incompatible avec l’existence des lois démographiques. Une dernière partie traite des lois de la population et de l’équilibre des nations : c’est la