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la manière que Fourier l’imaginait pour les enfans de son phalanstère, par le seul attrait de la curiosité. Plus tard, chargé de préparer les programmes de géographie de l’enseignement secondaire, il y introduisit la géographie agricole. Parmi les innombrables statistiques qu’il a dressées, il a, jusqu’à sa dernière heure, tenu à jour celles des récoltes mondiales : il en notait les variations avec un soin extrême, sachant quelle influence elles exercent sur la vie économique des nations. Plus d’une fois, il est allé s’enfermer dans le domaine légué en 1825 à la Société d’agriculture par M. Delamarre ; il se plaisait à y étudier sur place une exploitation rurale et forestière. Dans quelques pages intitulées Une semaine au château d’Harcourt, il décrit les bâtimens et la terre, raconte la vie qu’il y mène et met en lumière les résultats obtenus. Nous avons retrouvé, dans ses papiers, une série de croquis et de dessins, non dénués de grâce, qui complètent le manuscrit. Une des premières communications qu’il fit à la Société nationale avait pour objet La valeur de la production agricole : elle occupa trois séances en 1891 et fournit d’amples matériaux à la discussion du sujet. En 1891, il étudie La récolte de l’année en Russie : nulle part le résultat de la moisson ne joue un plus grand rôle que dans l’empire moscovite ; la vie économique y est suspendue à l’évolution climatérique, à la germination et à la floraison du blé, du seigle, de l’avoine. Des pays plus avancés supportent mieux un déficit dans la récolte annuelle : ils en ressentent néanmoins les effets. C’est ainsi que la mauvaise récolte de 1910 a fait baisser de plus de 200 millions de francs l’encaisse métallique de la Banque de France. Mais, là où le capital accumulé est moins considérable, la question des ressources monétaires que procure l’exportation et de la situation des paysans est primordiale. C’est donc avec raison que Levasseur choisissait une contrée où, la terre représentant la richesse principale, la récolte est un facteur essentiel.

Ses études sur La valeur et le revenu de la terre en France depuis le XIIIe siècle figurent dans les mémoires de 1892 de la Société nationale d’Agriculture, à laquelle il continuait à consacrer une partie de son labeur. Son étude de 1893 sur La politique douanière de la France traite en première ligne des tarifs sur les objets d’alimentation, qui jouent le rôle que l’on sait dans les préoccupations des agriculteurs. Au mois de novembre