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nous en retrouvons encore les traces les plus saillantes à l’époque de la Renaissance.

Ces domestiques, grands officiers, forment avec la Reine et les fils du Roi, avec ses parens et les grands du royaume qui composent le conseil étroit, — et avec les autres officiers de conditions diverses qui occupent les rangs de la haute et de la basse domesticité du palais, queux, cubiculaires, chapelains, maréchaux, — ils forment ce que les textes du temps appellent « la famille royale ; » ce que nous appellerions le gouvernement.

Louis le Gros fait d’un de ses cuisiniers, Harcher, un de ses principaux capitaines, et saint Louis fait un ambassadeur d’un de ses cuisiniers également, Gervais d’Escraines.

Les fonctions domestiques se confondaient donc originairement à la Cour de France avec les fonctions publiques.

Les six grands officiers de la Couronne, chargés des six ministères, ne furent cependant pas l’origine des secrétaires d’Etat modernes. Nous avons vu comment l’importance prise par eux, avec le temps, avait décidé les souverains, soit à supprimer leurs charges, soit à les rendre exclusivement honorifiques. Depuis le XIIIe siècle, on trouve quelques clercs auprès du Roi pour contresigner les actes qu’il expédie. Au commencement du XIVe siècle, ces modestes fonctionnaires sont appelés « les clercs du secret. » Ils mangent à la table des chapelains royaux. Ils sont les ancêtres directs des ministres d’aujourd’hui, origine dont on suit les conséquences jusqu’au XVIIe siècle, où la charge de notaire-secrétaire du Roi continuera d’être indispensable à qui voudra obtenir une commission de secrétaire d’État.

Enfin dans les « cours plénières, » — la grand’ cour, qu’il ne faut pas confondre avec le grand conseil, — la « famille » tout entière se réunit. On les nommait aussi « cours publiques, » « cours générales, » « cours ouvertes, » et « cours larges. » C’étaient des assemblées, conventus, où le Roi tenait ce qu’on nommait ses « fêtes, » à Pâques, à la Pentecôte, à la Toussaint, à Noël ; ou bien à l’anniversaire de son sacre, de son mariage, à la « chevalerie » de ses fils ou de ses frères, aux noces d’un frère ou d’un enfant, — fêtes de famille.