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LE HAUT COMMANDEMENT


M. le général Goiran, ministre de la Guerre, répondant au Sénat à une question de M. de Tréveneuc sur le commandement de l’armée et le rôle du généralissime, s’exprimait ainsi : « Il n’y a pas de généralissime, il n’y a qu’un vice-président du Conseil supérieur de la Guerre… Le gouvernement doit conserver, en cas de guerre, la haute direction de l’ensemble des opérations ; son exécuteur est le ministre de la Guerre. Il y a des commandans de groupes d’armées ; à chaque commandant de groupes d’armées on donne une mission ; pour la remplir, il a toute liberté d’action. »

Ces paroles émurent profondément l’opinion publique et les deux Chambres, car partout l’on avait pris l’habitude d’attribuer au vice-président du Conseil supérieur de la guerre le titre de généralissime, avec l’idée que cet officier serait investi, en cas de guerre, du commandement de toutes les forces de notre armée de terre. Cette conception était erronée, et la réponse du général Goiran, cause fortuite de la chute du ministre Monis, était sinon opportune, du moins exacte, comme nous le verrons lorsque nous parlerons de l’organisation du haut commandement en France après la guerre de 1870. En réalité, le vice-président du Conseil supérieur de la Guerre était le commandant désigné du groupe principal de nos armées, c’est-à-dire du groupe du Nord-Est dans l’éventualité d’une guerre contre l’Allemagne.