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Parmi les matériaux très complexes qui s’y mélangeaient, les uns se concrétionnèrent par suite du refroidissement ou de réactions chimiques mutuelles ; d’autres cédèrent simplement à la gravité et constituèrent les premiers sédimens. Le résidu de ces divers travaux, riche surtout en eau capable de persister liquide à cause de l’adoucissement des températures externes et contenant dans cette eau la collection des substances qui y sont solubles, comme le sel gemme et ses analogues, — ce résidu constitua l’océan. L’apparition de celui-ci caractérisa une nouvelle étape, digne pendant des phases antérieures de l’évolution planétaire.

Enfin, à un moment ultérieur, déterminé par l’état d’épuration convenablement perfectionnée de l’atmosphère et de l’océan, par la surrection au-dessus du niveau des mers de régions insulaires et continentales, par l’adoucissement suffisant de la température, se déclara un phénomène sans lien immédiatement visible avec les précédens et qui, grâce au Soleil, était destiné à devenir prépondérant à la surface : l’apparition de la vie organique.

Comme la force cristallogénique qui, tout à l’heure, s’emparait des molécules solidifiées à peine constituées pour en faire des cristaux élémens des roches, de même la force biologique prit possession des arrangemens matériels convenables constitués par les influences physico-chimiques. A son tour, elle imprima aux substrata qu’elle adopta une architecture caractéristique et, grâce aux appareils ainsi réalisés, elle donna une allure spéciale, — physiologique, — à des réactions chimiques soumises d’ailleurs aux mêmes lois primitives que les réactions du monde inorganique.

D’où vient cette force biologique ? Comment agit-elle ? Sans doute d’une origine et selon un plan comparables à ceux qui concernent la force cristallogénique. Ici, nul moyen de préciser les indications et libre carrière laissée à l’imagination, au bénéfice, certain d’avance, des progrès scientifiques possibles, — l’hypothèse, même ultérieurement contredite par les faits, procurant si souvent un profit de découvertes.

A quelle époque cette force biologique s’est-elle manifestée ? Encore une question à laquelle toute réponse formelle est interdite, mais dont l’examen conduit cependant à un résultat remarquable. Il consiste en ce que, malgré l’âge du phénomène