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LA HAUSSE DES PRODUITS AGRICOLES

« C’est une question d’actualité, et un sujet de mécontentement. Ce problème économique n’intéresse que les ménagères, les fruitiers, les bouchers, les paysans, et la police chargée de rétablir l’ordre quand la tranquillité publique est troublée par des exaltés. »

Celui qui tiendrait ce langage et ferait preuve de ce scepticisme dédaigneux n’aurait réussi qu’à démontrer son ignorance profonde des réalités et son impardonnable légèreté d’esprit.

Si la hausse des produits agricoles est bien, comme nous le pensons, un fait économique persistant autant que général, et non pas un accident, une crise passagère, elle intéressera, en réalité, toutes les classes de la nation. Ses répercussions sociales seront considérables et graves. Les situations d’équilibre établies, puis consacrées par une habitude déjà longue, entre les revenus du consommateur et le prix des denrées agricoles, vont se trouver profondément troublées. D’autre part, les recettes et les profits du producteur rural seront subitement modifiés. Les loyers agricoles, c’est-à-dire les intérêts du capital productif représenté par la terre, seront changés brusquement.

Il ne s’agit donc point, comme on pourrait le croire, d’une simple crise de subsistances ou de quelques violences passagères qu’expliquerait l’irritation des ménagères en lutte contre les prétentions soi-disant inacceptables des « intermédiaires. » Il ne s’agit pas davantage d’une influence momentanée exercée