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UN TÉMOIN
DE
LA VIE PARISIENNE AU TEMPS DE LOUIS XV

LES « MÉMOIRES » DU PEINTRE J.-C. DE MANNLICH

Dans le plus récent volume de ce monumental Saint-Simon que M. M. Lecestre et J. de Boislisle continuent de publier (après le regretté Arthur de Boislisle), pour le plus grand profit des historiens et la plus grande joie des lettrés, on remarque, aux appendices, l’intéressante monographie d’un vieil hôtel parisien. L’hôtel de Lorge s’ouvrait sur la rue Neuve-Saint-Augustin dans le quartier Gaillon et poussait ses jardins jusqu’à la campagne vers le point où se dresse aujourd’hui, sur le boulevard des Italiens, le pavillon de Hanovre. Edifiée sur les plans de Mansard pour un riche gentilhomme, Nicolas de Frémont, cette somptueuse demeure fut occupée après 1687 et embellie de nouveau par le gendre du premier occupant, le maréchal de Lorge, qui devint lui-même le beau-père de Saint-Simon, en sorte que le duc écrivain fut marié dans la chapelle qui y avait été ménagée. Acheté par la princesse de Conti, fille de Louise de La Vallière, l’hôtel de Lorge passa au cousin et héritier de cette dernière, le duc de La Vallière, pour venir enfin en 1767 par une nouvelle vente entre les mains de Christian IV, duc régnant de Deux-Ponts dont il prit à ce moment le nom. — Le duché allemand de ce souverain s’appelait en réalité Zweibruecken, maison sait que l’hégémonie de la culture française