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COIN DE TOURAINE


Nul, mieux que ce terroir aux nobles horizons,
Ne sent battre le cœur de notre vieille France,
Nul n’étant fait d’autant de joie et d’espérance,
Et d’autant de douceur en toutes les saisons.

Plus délicatement qu’ailleurs ton ciel s’azure,
Doré de chauds rayons portant l’ivresse en eux ;
Et ton illustre sol, et tes coteaux vineux
Gardent jusqu’en leur gloire une sobre mesure.

Car c’est non loin des frais vallons de ce pays,
Qu’inspirés à son souffle et le cœur épris d’elle,
Ronsard et du Bellay par la Muse fidèle,
Harmonieux amans, se virent obéis



POUR TOI


En t’aimant je savais qu’il me faudrait souffrir,
Que toute juvénile ardeur est inconstante,
Et je n’aurais pas dû naïvement t’offrir
Mon vieux cœur las d’errer, qu’un peu de calme tente.

Je savais en t’aimant, toi qui ne m’aimes pas,
Que ton regard si doux me deviendrait sévère,
Et que le moindre, hélas ! de mes funestes pas
Allongerait pour moi la route d’un calvaire.

Pourtant, je n’ai pas plus, sur ce chemin amer
Hésité, — le poète en rêves se consume, —
Que n’hésite la source à rejoindre la mer
Qui l’engloutit dans son tumulte et son écume.



ÉPITAPHE


Ici dort d’un sommeil divin comme sa vie,
voyageur, la vierge aux limpides regards
Qu’à sa mère une fin trop précoce a ravie.
Et dont flotte l’esprit dans les souffles épars.