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lui, on le laissa continuer son chemin. Madame, en apprenant que la cassette était noyée, parut soulagée d’un grand poids ; elle prit la main du garde du corps en lui exprimant tous ses remerciemens pour cette preuve de son dévouement et celui-ci embrassa la main de la Duchesse avec respect et attendrissement.

On me raconte encore que, le lendemain de la publication des Ordonnances, Mme de Gontaut alla chez le Roi et lui exprima de la manière la plus forte combien elle était contre ces mesures, et que Sa Majesté ferait bien de les révoquer en changeant son ministère. Le Roi offensé répliqua, dit qu’elle n’était pas appelée à donner des conseils à son Roi. Peu de jours après, la duchesse de Gontaut reparut devant Sa Majesté.

— Savez-vous, madame, lui dit le Roi en se souvenant de la scène qu’il avait eue avec elle, savez-vous que je devrais vous exiler pour les propos que vous avez eu l’audace de tenir, il y a quelques jours.

— Je voudrais bien, Sire, que vous en eussiez le droit ; je quitterais la France heureuse, vous seriez son Roi.

Dans le conseil où la mesure des Ordonnances fut décidément adoptée, M. le Dauphin fit des propositions qui n’avaient pas le sens commun ; les ministres ne pouvaient absolument pas y accéder et comme le Dauphin ne voulait pas en démordre, le Roi lui dit :

— Mon fils, vous ne comprenez rien à la politique ; contentez-vous d’être le plus grand capitaine de votre siècle.


COMTE RODOLPHE APPONYI.