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de Londres « la mission de soumettre à un examen minutieux tous les argumens produits pour ou contre la vaccine. Cette docte compagnie donna, en 1807, une réponse qui réduisait à néant tous les argumens que l’opposition avait fait valoir contre la découverte de Jenner, qu’elle proclama un des plus grands bienfaits de l’humanité. »

La vaccine se répand alors dans toute l’Europe et on nourrit l’espoir de l’extinction prochaine de la variole. Cet espoir était prématuré. Les épidémies, qui se multiplièrent de 1820 à 1840, ébranlèrent la foi du public dans la vaccine. Mais celle-ci sortit victorieuse de cette nouvelle épreuve, fortifiée même de cette démonstration scientifique, alors acquise, que l’immunité vaccinale n’est que temporaire et qu’il faut compléter la vaccination par la revaccination.

En même temps, on remplaçait la vaccination jennérienne (d’homme à homme) par la vaccination animale, ce qui supprime le danger de transmission de maladies contagieuses par la vaccination de bras à bras, et ce qui remédie à l’insuffisance des ressources vaccinales ordinaires : on cultive donc d’une manière continue le vaccin originel, cowpox ou horsepox, sur les animaux de l’espèce bovine et on utilise, pour la prophylaxie humaine, le virus ainsi obtenu.

Actuellement, la question est définitivement jugée : devant la vaccination et la revaccination, la variole a partout reculé : « au XVIIIe siècle, la variole frappait en Europe 95 pour 100 des habitans ; aujourd’hui, elle compte 5 pour 100 de victimes (Kelsch). Voici, d’après Sacquépée, les chiffres de la mortalité variolique, avant et après ta vaccination, par année et par million d’habitans :


Avant la vaccination Après la vaccination
En Suède 1774-1801 2050 1810-1850 158
A Berlin 1781-1805 3 422 1810-1850 176
A Copenhague 1751-1800 3 128 1801-1850 286


C’est Napoléon Ier qui, d’après Goldschmitt, aurait le mérite d’avoir prescrit, le premier, en 1805, que « tous les soldats qui n’avaient pas eu la variole, fussent vaccinés. » L’année suivante, le prince de Piombino et Lucca (principauté régie par la princesse Elisa Bonaparte, sœur de Napoléon Ier) promulgue un édit, bien remarquable, qui prescrit la déclaration obligatoire de la