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promptement, lancer l’hydroplane du bord en se servant de la plate-forme dont nous avons parlé plus haut.

Cette incapacité relative qui, même diminuée, existera toujours, était prévue. Jusqu’au concours d’hydroplanes tenu à Saint-Malo à la fin du mois d’août dernier, on en craignait une autre. On craignait que l’hydroplane, différant de l’aéroplane par ses formes et par la répartition du poids de ses élémens, se montrât, en vol par grande brise, très inférieur à l’aéroplane terrestre. L’expérience de Saint-Malo a été décisive, car elle a eu lieu par un temps franchement mauvais. Le vent soufflait par rafales, avec une vitesse de 40 à 50 kilomètres à l’heure. De violens grains de pluie rendaient la navigation aérienne pénible et difficile. Le trajet de Saint-Malo à Jersey, en doublant les îles Chausoy, et retour (150 kilomètres), a été accompli par quatre concurrens sur cinq partans, sans avarie pour aucun, l’envol ayant été pris d’un bassin abrité et le retour effectué de même. L’état de la mer n’eût pas permis le départ du large. Les cinq appareils étaient de types différens.

Il est donc acquis que l’hydroplane, s’il craint encore la grosse vague, ne craint pas la grosse brise. Plusieurs aviateurs ont déclaré que, dans les circonstances où les hydroplanes ont couru à Saint-Malo, les remous d’air qu’on eût rencontrés en volant au-dessus de la terre eussent rendu périlleuse une course dans la campagne.

Comme éclaireur des approches du littoral, l’utilisation de l’hydroplane en temps de guerre est donc, dès à présent, réalisable. Pour l’employer au service d’éclaireur en haute mer, il reste à poursuivre les expériences des divers modes de lancement du bord et de retour direct à bord, et à rechercher les perfectionnemens qui assureront dans la pratique courante le succès de ces manœuvres. Elles ne seront d’ailleurs jamais nécessaires par beau temps. L’envergure, ou largeur totale, de l’hydroplane « de bord » ne dépassera pas dix mètres. Des apparaux convenablement disposés permettront de le débarquer et le rembarquer sous le vent du navire, à l’abri du clapotis, comme on embarque ou débarque un canot. Ajoutons que le problème du « repliage » des ailes le long du fuselage parait près d’être résolu. La manœuvre de l’embarquement n’offrirait plus alors aucune difficulté.

Parmi les autres services que l’hydroplane pourra rendre à la défense navale, nous ne signalerons que sous réserves le