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les fonctionnaires ou agens indirects de l’Etat, ou affermées par des négocians appelés dîmiers qui versent une somme fixe aux caisses de la Dette. Si la souveraineté de ces provinces passe en d’autres mains, il faudra que le nouveau suzerain intervienne pour autoriser la continuation de la perception des fonds affectés. Le problème de la propriété des voies ferrées se posera alors. Ce sera un des points à régler par le traité de paix et à propos duquel les intéressés auront à intervenir. Mais, quel que soit le système adopté, il ne semble pas, en l’état actuel du droit international, que les particuliers, porteurs d’obligations au service desquelles certains revenus ont été délégués, puissent se voir arracher cette garantie.


VIII. — RÉPERCUSSION DE LA GUERRE SUR LES GRANDS MARCHÉS FINANCIERS

La situation financière d’un pays moderne trouve son expression dans le cours de ses fonds publics, qui mesure en quelque sorte son crédit. Les nations engagées dans la lutte ont placé la presque totalité de leurs titres en dehors de leurs frontières : les rentes turques, bulgares, grecques, serbes, monténégrines sont possédées par des capitalistes français, allemands, anglais et autres ; elles se négocient à Paris, Londres, Berlin, Francfort, Vienne, Amsterdam, Bruxelles, Genève, et sur d’autres places encore. C’est là qu’il faut chercher les indications que donnent les mouvemens des côtes. Celles-ci ne sont pas influencées uniquement par la situation des Trésors débiteurs, mais aussi par celle des marchés sur lesquels elles donnent lieu à des transactions régulières. Ces marchés ressentent, dans leur ensemble, les effets d’une guerre qui éclate et dont ni l’étendue ni la durée ne peuvent être prévues au début des hostilités. Une panique se produit en général aux premiers coups de canon : les rentiers, pacifiques de leur nature, ne croient pas volontiers aux solutions sanglantes des conflits ; et beaucoup d’entre eux, s’imaginant jusqu’au dernier moment que les choses « s’arrangeront, » se laissent surprendre par les événemens. Lorsque ceux-ci se produisent, les mêmes hommes qui avaient manifesté auparavant un optimisme injustifié, se laissent aller à un pessimisme qui souvent ne l’est pas moins : par des ventes précipitées, ils provoquent des chutes de cours violentes, dont le