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pouvait agir, même dans la zone espagnole, sous la seule condition d’un avis préalable.

La seconde hypothèse (article 2, §. 5) visait la période postérieure à 1919. Dans cette seconde période, le statu quo (intégrité du Maroc, souveraineté du Sultan) étant maintenu, la France conservait le droit d’exercer son action auprès du gouvernement marocain, même dans la zone espagnole. Mais, au lieu qu’un simple avis préalable fût, comme de 1904 à 1911, suffisant pour légitimer cette action, un accord avec l’Espagne devenait indispensable. La situation, pour la période postérieure à 1919, était donc la suivante : l’Espagne, comme auparavant, ne pouvait agir, fut-ce dans sa zone, qu’avec l’adhésion de la France ; la France pouvait étendre son action, comme dans la première période, à l’ensemble du Maroc, fût-ce à la zone espagnole, mais devait, dans le cas où son action viserait ladite zone, obtenir l’agrément de l’Espagne, qui, dans la première période, ne lui était point nécessaire.

Une troisième hypothèse enfin (article 3) visait le cas d’un changement du statu quo. Dans ce cas, « l’Espagne pourrait exercer librement son action dans sa zone. » Kestait à savoir quels étaient les « changemens » de nature à créer ce régime nouveau. L’article prévoyait d’abord la disparition du gouvernement chérifien ; ensuite l’impuissance persistante dudit gouvernement à assurer la sécurité et l’ordre publics ; enfin « toute autre cause à constater d’un commun accord. » Est-il besoin de signaler combien cette dernière rédaction était vague et flottante ?

Au surplus, des incidens inattendus allaient, quelques semaines plus tard, s’opposer à l’application de ce complexe arrangement. Le 7 octobre 1904, M. Bihourd, ambassadeur de France à Berlin, communiquait au gouvernement allemand l’accord franco-espagnol. Le 31 mars suivant, l’empereur Guillaume II débarquait à Tanger. Le 30 mai, M. Delcassé était démissionnaire. Le conflit franco-allemand était ouvert. L’Allemagne exigeait la réunion d’une conférence destinée à réviser et à modifier les arrangemens particuliers dont le Maroc avait fait l’objet depuis un an. En acceptant, sous certaines conditions, la réunion de cette conférence, le gouvernement français devait se préoccuper, en premier lieu, d’y être soutenu par les puissances avec qui il avait pris des engagemens, et notamment par