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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/693

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ligne et des observateurs remarquables, on n’aura pas toujours la bonne fortune de rencontrer des aviateurs de cette qualité. En général, il sera préférable d’avoir un pilote et un observateur distincts : si ce dernier possède son brevet de pilote, il n’en sera pas plus mauvais observateur, mais il n’aura pas à faire deux choses en même temps. La difficulté d’entente entre les deux voyageurs aériens peut exister parfois, mais ce n’est pas un inconvénient capital. Il est évident, d’autre part, qu’en séparant les deux fonctions, on impose une moindre fatigue aux aviateurs ; de plus, l’observateur, dégagé de la préoccupation de la conduite de l’appareil, peut être tout entier à son service ; il peut faire des croquis, écrire des dépêches, prendre des vues photographiques, envoyer des radiogrammes, toutes choses absolument impossibles s’il doit avoir les mains au volant ou au levier de manœuvre. Les appareils à deux places sont donc les seuls pratiques au point de vue militaire.

Comme en toute chose, il faut faire une part à chacune des opinions extrêmes. Il est certain que pour les reconnaissances de peu d’étendue, notamment celles qui serviront à régler le tir des batteries d’artillerie, les monoplaces peuvent suffire, à la condition d’être montés par un pilote qui soit, en même temps, un bon observateur. Il en sera de même s’il s’agit de pousser une pointe vers un but déterminé, d’aller chercher un l’enseignement bien défini et de le rapporter rapidement ; en pareil cas, l’aviateur ne sera qu’un pilote pendant l’aller et le retour, ce n’est qu’au moment où il sera arrivé au but de sa course, et où il planera au-dessus de la région à observer qu’il aura momentanément à cumuler les deux rôles ; s’il y est bien préparé, il pourra les remplir sans trop de difficulté ou de fatigue.

Mais souvent il n’en sera pas ainsi, l’observation devra se prolonger tout le temps du voyage aérien ou à peu près. La durée de ce voyage pourra être telle qu’on ne puisse raisonnablement demander au même homme de faire, pendant si longtemps, les deux métiers à la fois. De plus, si la reconnaissance est de longue durée, il peut y avoir un intérêt majeur à ce que ses résultats parviennent au commandement avant le retour de l’aéronef, d’où la nécessité d’envoyer des télégrammes ou des documens écrits, ce qui ne peut être fait qu’à la condition d’avoir un observateur indépendant du pilote.

Ajoutons, en faveur des biplaces, un argument moins