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cachés dans les broussailles, qu’à une hauteur où le tir individuel n’a plus aucune chance d’arriver sur ce but mobile peuvent accomplir dans les meilleures conditions leurs reconnaissances… Les aviateurs volent tous les jours et dans toutes les heures de la journée, — sauf les journées d’ouragan, même avec des vents très violens, et je peux vous assurer qu’ils voient tout et rapportent tout ce qu’il est nécessaire de connaître, jusqu’à une cinquantaine de kilomètres de nos tranchées. Ils ont été atteints très souvent par le tir des fusils, mais heureusement dans les ailes seulement ; des balles presque mortes avec peu de dégâts. »

Si nous ne pouvons pas prétendre au monopole de l’aéronautique militaire, nous pouvons avoir cependant l’ambition légitime de conserver la première place dans l’océan aérien, et nous ne devons pas marchander pour cela les efforts financiers nécessaires. Le parlement sera certainement soutenu par l’opinion publique s’il marche résolument dans cette voie ; ce qu’on ne lui pardonnerait pas, ce serait de laisser ravir à la France l’hégémonie de l’atmosphère.

Nous possédons, dès maintenant, une flotte aérienne respectable ; nous avons, sans contredit, le premier corps d’aéronautes et d’aviateurs du monde entier. Il nous est facile de maintenir cette situation, mais le moyen ne consiste pas à bouleverser profondément une organisation qui date d’une année seulement, et qui a déjà obtenu des résultats remarquables. Sous prétexte de quelques défectuosités de détail, inévitables en toutes choses humaines, ne marchandons pas, à notre aéronautique militaire et à ses chefs, la confiance qu’ils méritent ; outre cet appui moral, mettons largement à leur disposition les ressources financières dont ils ont besoin. C’est ainsi que nous posséderons dès maintenant, et pour de longues années, la première flotte aérienne du monde.


Commandant Paul Renard.