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proteste au nom de l’Assemblée contre la violation du droit et de la Constitution ; et j’en déclare responsables ceux qui ont donné les ordres et ceux qui les font exécuter. » M. le colonel Espinasse du 42e ayant voulu lire son ordre, le Président a refusé d’entendre la lecture et s’est retiré avec los représentans devant le mouvement des troupes commandées par le colonel qui a donné Tordre de faire évacuer, ce qui s’est effectué par la force.

Le Président,

DUPIN. »


Il convient de remarquer que l’on n’a pas retrouvé l’ordre de convocation de l’Assemblée ; que le Président, prévenu dès huit heures du matin de ce qui se passait, a été, non pas averti par ses collègues, mais emmené par eux a dix heures ; qu’il n’a subi personnellement aucune violence de la part des gendarmes et qu’il n’a pas été enfermé à Mazas comme les questeurs, comme les généraux Changarnier, Bedeau, Lamoricière, Charras, Cavaignac ainsi que Thiers, Valentin, Martin Nadaud et autres représentans. Il a, il est vrai, refusé d’assister au Te Deum du 1er janvier, mais il a gardé les fonctions de procureur général de la Cour de Cassation jusqu’aux décrets relatifs à la confiscation des biens de la famille d’Orléans, pour les reprendre le 28 novembre 1857 et dire avec conviction dans son discours de rentrée : « J’ai toujours appartenu à la France et jamais aux partis. »

Il m’a paru intéressant de faire la lumière sur ce point historique à propos des curieux Souvenirs que je viens d’analyser.


M. de Freycinet abandonne alors la politique pour s’absorber entièrement dans sa profession d’ingénieur. A l’automne de 1852, il est nommé au poste de Mont-de-Marsan ; il étudie le bassin géologique de l’Adour et fait en cet intéressant pays la connaissance de Léon de Maleville, de Léon Faucher, de Duclerc, trois hommes dont il trace à présent de vivans croquis. En 1858, il entre au service de la Compagnie du Midi en qualité de chef d’exploitation et là, pendant cinq années de grand labeur, il prend des habitudes de discipline et de précision qu’il gardera toute sa vie. Grâce à des hommes tels que Duvignaud et Surell,