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« Ainsi, disait, à l’un des plus éminens de nos inspecteurs généraux, le président de la Commission, vous n’approuvez pas la transformation, qui s’est faite peu à peu et qui s’est achevée en 1891, de l’enseignement spécial en enseignement moderne ? » — « Absolument pas, répondait M. Lachelier, c’est une œuvre fausse et stérile. » Celui qui portait ce jugement passait alors la moitié de son temps à inspecter les études universitaires avec une conscience justement vantée. Les hommes compétens qui ont tenu un pareil langage, en province comme à Paris, ne se comptent pour ainsi dire pas. Sont-ils suspects d’avoir conservé une tendresse mêlée d’amour-propre aux études qui avaient fait les succès de leur jeunesse ? Négligeons donc, — si osé que ce soit — les jugemens d’hommes tels que MM. Brunetière, Doumic, Georges Perrot. Allons jusqu’à renoncer à invoquer ceux d’économistes tels que M. Paul Leroy-Beaulieu et Levasseur, déclarant que l’enseignement moderne a été une contrefaçon sans valeur et que la coexistence de cet enseignement et de l’enseignement classique dans les mêmes établissemens a considérablement affaibli le premier sans profiter en rien au second. Les bureaux d’administration des lycées et collèges et des associations amicales sont remplis d’hommes qui se sont disséminés dans les professions les plus variées. Or, le rapport d’ensemble où un fonctionnaire résume ces réponses fait entendre le même langage : « Au sujet de l’enseignement classique, les divergences d’opinion sont extrêmement rares ; la majorité incline à ce qu’il soit renforcé. L’enseignement moderne, au contraire, est extrêmement maltraité. Copie maladroite, pastiche ridicule, contrefaçon dangereuse… sont les expressions ordinaires avec lesquelles on le qualifie. Il n’est peut-être pas un seul bureau d’administration qui n’ait demandé, sinon sa suppression, du moins sa transformation radicale. » Les recteurs des académies de Bordeaux, de Caen, de Chambéry, de Clermont, de Montpellier, de Dijon, — pour ne citer que ceux-là — sont exactement du même avis.

Viennent maintenant les Chambres de commerce. Elles estiment en général que l’enseignement moderne n’a servi qu’à augmenter le nombre des fonctionnaires. « Quelque soit le nom qu’on lui donne, ce n’est que l’imitation peu heureuse de l’enseignement primaire supérieur. Ce dernier nous plaît par la netteté de sa méthode, de même que par l’évidence de son but,