Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 13.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SUR LE SYMBOLISME

M. André Barre, en un substantiel volume qui témoigne d’un très grand labeur et révèle une information très complète, a tracé l’histoire, assez complète vraiment, du symbolisme en France au XIXe siècle. Entendons-nous bien. Le mot symbolisme est une étiquette. On est convenu d’appeler ainsi les poètes qui, de 1885 à 1900 environ, ont été plutôt en réaction contre l’école parnassienne qu’en communion avec elle et parmi eux, il y en a qui n’ont pas été du tout symbolistes. Le symbolisme, en effet, consiste à exprimer sa pensée ou son sentiment par des allégories qui ne sont pas artificielles, ou qui le sont le moins possible. Par exemple, un aspect de la nature, mis en parallèle avec un état d’esprit ; mieux encore, une description dont on ne peut pas savoir si elle veut rendre un état de la nature ou un paysage d’âme, tant il y a de concordances entre ces deux objets : ce sont des symboles ; à la condition encore qu’ils ne soient pas concertés, et qu’il soit évident ou probable que l’auteur a pensé son sentiment ou senti sa pensée ainsi et non point traduit ainsi sa pensée ou son sentiment, auquel cas la chose ne serait rien de plus ou rien de moins qu’une allégorie, comme celle de Boileau : « Ainsi sur cette mer qu’ici-bas nous courons... » Voilà ce que c’est que le symbole.

Or les poètes de 1885-1900 n’ont pas tous été symbolistes ; même il s’en faut. Ceux mêmes qui l’ont été ne l’ont pas été continuellement, ce que je crois, du reste, qui est impossible. Chez ceux qui l’ont été le plus, le symbole, naturellement, n’a pas été autre chose qu’un de leurs moyens d’art, qu’un de leurs