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HEURES D’ITALIE

DES BORDS DE LA BRENTA
AUX
MONTS EUGANÉENS


I. — FUSINA

Rives de la Brenta, collines Euganéennes : qu’il y a longtemps que je désirais vous connaître et que je rêvais de vous ! Si grande pour moi est la magie des mots, que, parfois, je me plaisais à vous évoquer, rien que pour répéter les fluides syllabes de vos beaux noms. Et bien souvent, au retour des îles de la lagune, rentrant dans Venise qu’embrasait l’incendie des couchans de septembre, j’ai regretté de ne pouvoir continuer ma route le long du fleuve, jusqu’aux montagnes bleues qui se dessinaient dans la lumière.

Plus que le Bædeker, qui consacre à peine quelques lignes à ces régions, des souvenirs littéraires aiguisaient mon envie. Je me rappelais le conseil de Barrès : « Souhaitez une occasion de remonter la Brenta sur ces barques lentes qui seules cheminent encore de Fusina à Padoue. Par un doux et magnifique automne, tandis qu’aucune lettre de France ne peut ici nous rejoindre, qu’il fait bon sur cette vieille eau désertée ! » Et puis, chaque fois que je traversais Padoue, des vers de Musset, qui ne sont