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ENTRE LES DEUX MONDES[1]



QUATRIÈME PARTIE[2]



XI

Le lendemain, en sortant de ma cabine, vers dix heures, — personne, ce jeudi-là, ne fut matinal, — je rencontrai l’amiral sur le pont de promenade. Je lui racontai la conversation que j’avais eue avec Mme Feldmann, et je ne lui cachai pas que cette façon si prompte et si impitoyable de mal parler de son mari avec le premier venu ne me plaisait guère et m’inspirait quelque défiance ; que je ne voyais pas le moyen de concilier cela avec l’affolement du mardi soir. L’amiral sourit.

— Savez-vous pourquoi je riais, hier, me répondit-il, lorsque vous m’avez dit que Mme Feldmann soupçonnait son mari de n’avoir pas la tête bien saine ? C’est parce que, à Rio, M. Feldmann m’a dit plusieurs fois la même chose de sa femme.

Il n’ajouta rien ; mais ces paroles et le ton sur lequel elles furent prononcées me confirmèrent dans l’opinion que l’amiral connaissait mieux les discordes de ce ménage qu’il ne le prétendait, et je tâchai de le faire parler.

— Vous êtes donc ami intime des Feldmann ? demandai-je.

Il me répondit qu’il avait connu M. Feldmann à New-York,

  1. Copyright by G. Ferrero, 1913.
  2. Voyez la Revue du 15 décembre 1912 et des 1er et 15 janvier 1913.