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sur l’administration des biens d’Eglise fût l’objet d’une rédaction nouvelle, et que de sérieuses amputations fussent pratiquées dans la loi de 1876 relative aux droits de surveillance de l’État sur l’administration des biens épiscopaux : ce double désir fut repoussé. Il ne put obtenir que la loi du 20 mai 1874 sur l’administration des évêchés vacans fût abrogée ; mais du moins détermina-t-il la commission à rayer les dispositions pénales que contenait cette loi. Tel fut le sort assez peu satisfaisant des articles additionnels, auxquels tout l’épiscopat s’intéressait. Quant aux amendemens proprement dits, que la commission n’accepta que partiellement, Mgr Kopp se réserva de les reprendre devant la Chambre des Seigneurs : ainsi l’exigeaient les anxiétés catholiques. Un rédacteur de la Germania déclarait : « Si le projet était voté tel quel en ce qui regardait les ordres religieux et le droit de veto, les fidèles de Rome ainsi vaincus dans le Culturkampf auraient à se voiler la tête de cendre. » « Ce serait, proclamait le Messager de Saint Boniface, l’empoisonnement spirituel du sacerdoce. »


II

En ce moment critique où Rome et Bismarck risquaient d’aller vers un commun échec, Galimberti, secrétaire à la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires, étudia la situation : il vit dans les menaces mêmes dont elle était grosse l’occasion d’un beau rôle, d’un de ces rôles qui distinguent et assurent une carrière. Il sut la saisir, et bien jouer.

Un matin, sortant du Vatican, il fit monter dans sa voiture Schloezer, ministre de Prusse, et lui dit entre deux cahots, « avec un air ingénu » (ce sont les propres termes de son propre récit) : « Qui sait ! si le Pape témoignait le désir d’envoyer un représentant aux fêtes jubilaires de l’Empereur, quelle impression cela ferait-il à Berlin ? — Excellente, » répondit Schloezer ; et vingt-quatre heures après, Galimberti voyait accourir le ministre de Prusse, porteur d’un télégramme de Bismarck, qui souhaitait comme représentant papal Galimberti lui-même. « Tableau ! » ajoute ici la plume du prélat. « Mais comment vais-je dire cela au Pape ? demanda Galimberti. Il s’imaginera que j’ai construit toute l’affaire pour être chargé de cette mission. » Et Schloezer de répondre qu’il n’y avait qu’à parler franchement, et qu’il