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peu regagné par le Centre allemand. Chaque jour, en Allemagne, la sécurité des catholiques s’affermissait. La réunion épiscopale de Fulda exprimait à Guillaume II l’espoir que « les rapports pacifiques dont les premiers rayons avaient embelli les derniers soirs de son grand-père s’affermiraient et se développeraient, » et le jeune empereur leur répondait : « De savoir la liberté de conscience de mes sujets catholiques garantie par la loi et le droit : cela fortifie ma confiance dans le maintien durable de la paix de l’Eglise. » La loi, le droit, que Guillaume Ier, parfois, avait étalés comme des menaces devant ses sujets catholiques, semblaient désormais être étendus sur leurs têtes, comme une protection, par le geste paternel du jeune Guillaume II. Les évêques, la presse, les fidèles d’Allemagne, fêtaient Léon XIII pour son jubilé sacerdotal. Et lui, les sentant désormais plus apaisés, plus rassis, pouvait recommencer à leur dire qu’il y avait lieu de réclamer des libertés nouvelles, surtout sur le terrain scolaire.

Le congrès catholique de Fribourg en 1888, celui de Bochum en 1889, insistaient pour le retour des Jésuites, pour les droits de l’Eglise dans l’école. Mais ils insistaient, aussi, pour qu’on ne permit pas aux projets anticléricaux qu’affichait alors Crispi de prévaloir sur la dignité du Saint-Siège ou sur sa liberté. Windthorst, au congrès de Bochum, faisait un discours contre l’érection, dans la Rome des Papes, d’un monument à Giordano Bruno ; et Lieber, un an plus tard, au congrès de Coblentz, s’élevait contre les parades qui glorifiaient, après vingt ans, cette journée du 20 septembre 1870, où, sans péril, devant la porte Pie, l’Italie avait vaincu. Lorsque, en 1889, Humbert Ier vint à Berlin, et que le Reichstag et la Chambre italienne échangèrent des congratulations, Franckenstein, en plein Reichstag, au nom de ses amis du Centre, spécifia que cette démarche n’impliquait de leur part aucun changement d’attitude au sujet de la question romaine. Ces manifestations des catholiques d’Allemagne en faveur de Léon XIII menacé étaient si ardentes, si multipliées, que leurs adversaires y voyaient un artifice pour maintenir la cohésion du Centre. La campagne électorale qui renouvela le Reichstag en février 1890 fut une occasion pour Windthorst d’entretenir de la question romaine la foule des électeurs : « Pour le domaine temporel du Saint-Siège, disait-il à Mgr de Waal, je serais prêt, même, à donner ma tête. »