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LA LEÇON DU CANADA

Jamais les Français n’étudieront assez l’histoire du Canada : au moment où la France vient de fonder un nouvel empire colonial, elle doit se remémorer sans cesse les erreurs et les fautes qui ont amené la perte de ses colonies au XVIIIe siècle : c’est le meilleur moyen d’apprendre comment elle saura garder celles qu’elle a fondées au XIXe et au XXe.

Le Comité France-Amérique a inscrit, en première ligne, sur la liste des ouvrages devant former la bibliothèque qu’il présente au public, l’Histoire du Canada de François-Xavier Garneau, complétée et mise au point, dans cette cinquième édition, par son petit-fils Hector Garneau. Je n’ai pas à faire l’éloge du livre : publié pour la première fois en 1843, il a placé son auteur à un rang très distingué parmi les historiens français. La nouvelle édition forme une véritable encyclopédie de l’histoire du Canada. Après les beaux travaux de M. Salone sur la Colonisation de la Nouvelle-France, de M. de La Roncière sur l’Histoire de la Marine (3e et 4e volumes), de M. André Siegfried, Le Canada, de M. Louis Arnould, Nos amis les Canadiens, les annales de la colonisation sur les bords du Saint-Laurent n’ont plus de mystères. On revit, pour ainsi dire jour par jour, les heures de l’espoir et celles du découragement, l’apogée et le déclin. Les causes et les effets apparaissent dans leur belle ou triste réalité. Aussi est-il possible de dégager, maintenant, à l’aide de cette « littérature » nouvelle et des faits exposés en pleine lumière, l’enseignement que nous laisse l’histoire de notre colonie perdue, — ce que j’appellerai « la leçon du Canada. »

Le sentiment général des fondateurs de la colonie fut qu’il s’agissait réellement d’une « nouvelle France. » On tenait au