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c’est cette somme faible qu’il faut répartir entre les neuf divisions d’infanterie, les neuf régimens d’artillerie de campagne, la cavalerie fixée au plus juste, — car cette arme est chère, — à 11 régimens (37 escadrons), les bataillons du génie, l’artillerie lourde, l’artillerie à pied, etc. Force est ainsi de se borner à former les 36 régimens d’infanterie à deux faibles bataillons en temps de paix. Les quatre bataillons du temps de guerre se constituent, à la mobilisation, par un mécanisme de dédoublement. En même temps que les plus jeunes classes de réservistes reviennent alors à leurs unités d’origine, les brigades de réserve, qui n’ont aucun noyau actif, se forment de toutes pièces, à l’aide des réservistes les plus âgés.

Somme toute, l’armée bulgare n’est qu’une milice où des soldats à court terme coudoient des réservistes de long service et où les seuls élémens professionnels sont les officiers et les sous-officiers rengagés. Un pareil système militaire a chez nous ses défenseurs. Il exige, cependant, pour être applicable, une race patiente, obéissante, obstinée, une population tout entière rurale, une industrie encore dans l’enfance, une bonne volonté générale, un patriotisme universel. Et ces conditions nécessaires ne sont pas suffisantes. Il faut encore qu’en temps de paix, le soldat laboureur soit tenu en haleine par de fréquens appels ; qu’en temps de guerre et rentré dans le rang, il soit aussitôt pris dans un cadre ferme, dont la rigueur le soutienne à ces heures critiques où l’endurance manque aux plus mâles et la force aux plus courageux. L’organisation bulgare pourvoit justement à tous ces besoins. Une discipline si sévère, qu’elle nous paraîtrait brutale, ajoute un attribut de crainte au prestige de l’officier ; et, pour que son autorité soit non seulement obéie, mais honorée et respectée, le chef bulgare est toujours un maître, auprès de qui le soldat ne cesse pas d’être un apprenti.

A côté de la hiérarchie des grades, il existe en effet une échelle correspondante d’écoles ou de centres d’instruction, ayant pour premiers degrés les pelotons régimentaires, les bataillons-écoles divisionnaires, où s’instruisent les simples sous-officiers ; l’école spéciale des sous-officiers rengagés ; plus haut, l’école militaire de Sofia, pépinière commune aux officiers des trois armes ; enfin le cours spécial préparatoire où se recrutent les 4 000 officiers de réserve nécessaires à l’encadrement du temps de guerre. Parmi ceux-ci, la faculté qu’ont les plus