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le même metteur en œuvre qu’est alors Savof quant au matériel et à l’organisation. Les trois inspections d’armée étant formées en 1908, il est chargé de la troisième, et se trouve avoir pour collègues les généraux Ivanof et Kutintchef, dans le commandement des deux autres. Tous, par un travail ininterrompu, par un maniement militaire incessant, façonnent leurs armées pour la grande épreuve où ils moissonneront ensemble de si beaux lauriers.

On aurait tort d’oublier dans cette énumération, — the last, not the least, — celui qui remplissait les fonctions de chef d’état-major général auprès du général Savof durant les dernières opérations. Les carrières de ces deux hommes ont plus d’un contact et plus d’une ressemblance. L’armée doit à l’un, au point de vue intellectuel, autant qu’à l’autre dans l’ordre des réalisations organiques et de l’armement. Stamboulovistes tous deux, ballottés au début par des courans contraires, ils ont vu leurs barques traverser les mêmes remous, avant de prendre ensemble le fil de l’eau.

Dans le temps où les écoles russes sont fermées aux officiers bulgares, Fitchef suit à Turin les cours de l’Académie de guerre ; il s’affirme au retour comme une force et comme une valeur ; mais sa place n’est pas encore faite, quand la chute de Stamboulof, le choc en retour de l’influence russe le rejettent dans une garnison obscure au pied du Rhodope. Il s’y montre bon instructeur de troupe, mais cette qualité est commune en Bulgarie : sa mission propre sera d’instruire des officiers. Il le prouve par ses écrits militaires, par son activité à la tête de l’inspection des écoles, par l’intelligence avec laquelle il organise les voyages, les conférences, les travaux spéciaux d’état- major. Grâce à lui, les bureaux s’animent et prennent vie ; le ministère de la Guerre devient un foyer d’études qui rayonne intellectuellement sur toute l’armée.

Il a commandé successivement deux divisions et dirigé en 1909 les brillantes grandes manœuvres de Stara Zagora. En 1911, il devient chef de l’état-major général. Le général Nicolaief est ministre de la Guerre ; ancien commandant de la milice rouméliote, il doit son prestige et sa popularité au rôle qu’il joua lors de la réunion spontanée des deux provinces bulgares en 1885, mais on sait d’avance qu’il abandonnera à son premier collaborateur les initiatives principales et les grosses responsabilités.