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mains les moyens d’exécuter ses volontés, et en particulier les ressources nécessaires à la mobilisation des armées. Cette règle de conduite invariable a été rappelée à diverses reprises par les ministres des Finances, dans l’exposé annuel du budget qu’ils soumettaient à la sanction impériale : ils ne paraissent pas s’en être écartés depuis que la constitution octroyée en 1905 a créé une Douma et organisé une intervention parlementaire sur le domaine économique.

Au 1er janvier 1911 vieux style (14 janvier du calendrier grégorien), les disponibilités du Trésor russe s’élevaient à 340 millions de roubles, c’est-à-dire 907 millions de francs, la valeur de l’unité monétaire russe étant égale à 2 fr. 67 de notre monnaie. A ce montant s’ajoutaient, un an plus tard, 165 millions de roubles, qui constituaient l’excédent probable des recouvremens de 1911 sur les prévisions ; il y avait lieu d’en retrancher 80 millions de crédits supplémentaires, en sorte que les disponibilités, au 1er janvier 1912, atteignaient 425 millions, en augmentation de 363 millions sur le chiffre du 1er janvier 1907, On s’attend à ce que le chiffre soit encore supérieur en 1913. Dans ce même intervalle de cinq ans, le capital nominal de la Dette publique avait passé de 8 025 à 8 958 millions de roubles, c’est-a-dire qu’il s’était accru de 933 millions. Cette augmentation a été plus forte que celle des disponibilités ; mais les fonds empruntés avaient servi en partie à alimenter les budgets extraordinaires, dont les dépenses, sévèrement limitées par les règles de la comptabilité publique en Russie, représentent un véritable accroissement du patrimoine national : elles comprennent surtout des constructions de chemins de fer.

En Russie, la question des disponibilités du Trésor se complique de celle de la Banque d’émission : celle-ci en effet est un établissement de l’Etat, qui est responsable de ses engagemens ; ses billets forment une partie de la dette publique, exigible à tout instant, depuis qu’ils n’ont plus cours forcé et qu’ils sont payables à vue et en or. Il est donc indispensable de juxtaposer la situation de la Banque à celle du Trésor pour avoir une idée complète de l’actif et du passif de ce dernier. D’après la loi, la circulation ne peut en aucun cas dépasser l’encaisse métallique de plus de 300 millions de roubles ; au jour où cette limite serait atteinte, il faudrait considérer que le Trésor a une dette de cette importance et la placer en regard de ses ressources