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cette somme provoqua des récriminations, à la suite desquelles, pendant plusieurs années, la moyenne annuelle des dépôts ne dépassa guère 20 millions. Ce ne fut qu’en 1887 que le secrétaire de la Trésorerie Fairchild se préoccupa de rendre à la circulation une partie des sommes accumulées dans les caisses fédérales : il éleva d’un demi à un million de dollars le maximum du dépôt par établissement et compta au pair, et non plus seulement à 90 pour 100, les rentes fédérales destinées à servir de cautionnement. Dès le mois de mars 1888, le Gouvernement avait remis plus de 60 millions aux banques. Mais le successeur de M. Fairchild revint aux erremens antérieurs et réduisit les dépôts à une vingtaine de millions, si bien qu’en 1898 l’encaisse propre du Trésor dépassait 300 millions. En 1901, un revirement se produisit : plus de 100 millions sont distribués aux banques. En 1902, elles obtiennent 150 millions, répartis entre 577 établissemens dépositaires.

Ce fut en 1907, lors de la dernière crise que traversèrent les États-Unis, que les chiffres des dépôts publics dans les banques atteignirent de nouveau un point culminant. Le secrétaire du Trésor Cortelyou n’hésita pas à prendre les mesures qui lui paraissaient commandées par les circonstances : il distribua à un moment la majeure partie de son encaisse aux banques. Il décréta l’émission de bons du Trésor, dans le seul dessein d’augmenter ses ressources en numéraire, d’accroitre encore ses disponibilités et d’en remettre de nouvelles quantités aux établissemens chargés à leur tour d’en faire profiter leur clientèle, c’est-à-dire le public. Jamais l’intervention d’un gouvernement sur le marché monétaire ne se manifesta avec plus d’intensité qu’au cours de ce mémorable automne de 1907, qui vit s’écrouler des sociétés importantes, les valeurs les plus sérieuses baisser dans une proportion rarement atteinte jusque-là, et le loyer de l’argent s’élever à des taux invraisemblables. Dans son rapport présenté au Sénat le 2 décembre 1907, M. Cortelyou déclarait que « les transactions les plus importantes du Trésor au cours de l’exercice écoulé avaient été celles qui étaient intervenues entre lui et les banques dépositaires, et que son plus grand souci avait été la façon dont il disposerait des excédens de revenu. » Au 1er juillet 1906, le Trésor avait à son crédit chez les banques 81 millions de dollars ; un an plus tard, ce chiffre avait plus que doublé et s’élevait à 167 millions. Au cours de l’été 1907, les