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de décrire. Ici, il ne s’agissait pas de relever et de maintenir la valeur d’un papier-monnaie déprécié ; l’unité monétaire était la piastre d’argent, dont la frappe était libre et à laquelle le président Porfirio Diaz et son éminent ministre des Finances Limantour entendaient donner dorénavant une valeur fixe. La première mesure prise consista à suspendre la libre frappe des pièces d’argent, la seconde à déterminer l’équivalence en or qui leur serait attribuée, et qui fut fixée à 75 centigrammes d’or, c’est-à-dire 2 fr. 58 de monnaie française, ce qui correspond à un prix de 29 pence environ pour l’once d’argent fin. Cette valeur conventionnelle de la piastre d’argent peut être maintenue d’autant plus facilement que le cours du métal blanc sur le marché libre est plus voisin de ce prix. Pour effectuer les opérations nécessaires, le Gouvernement mexicain a constitué un fonds régulateur de la circulation monétaire, alimenté par les bénéfices réalisés sur la frappe de monnaies, et un fonds à l’étranger, composé de reliquats d’excédens budgétaires antérieurs, de crédits ouverts par diverses banques en Europe et aux Etats-Unis, et de lingots d’or provenant des mines indigènes et acquis par le Gouvernement. D’après l’article 30 de la loi du 25 mars 1905, qui a organisé le nouveau régime, la partie du fonds régulateur qui est conservée dans la République consiste en monnaie métallique et « exceptionnellement en barres d’or ou d’argent destinées à la frappe, a l’exclusion des billets de banque ou autres espèces. » La Commission du change et de la monnaie, instituée par décret du 3 avril 1905, en exécution de la loi susmentionnée, s’est occupée « d’influencer le marché des changes, afin de maintenir le taux des traites sur l’étranger en rapport avec la monnaie des pays qui sont au régime de l’étalon d’or. » Elle le fit en se préoccupant constamment d’avoir des ressources disponibles au dehors.

Cette intervention gouvernementale n’est pas nécessaire dans les pays où l’or circule librement et est obtenable en échange des billets, parce que, aussitôt que les changes s’élèvent, le métal jaune est exporté par les particuliers. Là où ceux-ci ne peuvent pas le puiser dans la circulation, il faut que l’autorité publique opère des remises qui ont le même effet ; et, pour les effectuer sans difficulté, le Trésor doit au préalable avoir préparé les moyens de le faire, c’est-à-dire être créditeur de sommes importantes sur les places étrangères.