Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 14.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garnie : elle a cependant dû, vers la fin de l’année 1912, demander de nouveaux subsides à ses banquiers. Nous ne voudrions pas garantir qu’aucun bon autrichien n’ait été escompté au moyen de fonds appartenant à des Français. En tout cas, beaucoup de nos compatriotes ont des comptes ouverts en Belgique et en Suisse ; ils ne sont pas en mesure d’empêcher les banques de Genève ou de Bruxelles de se livrer à des opérations qui ont pour résultat d’employer leurs dépôts à alimenter les caisses de la Triple-Alliance.

Nous citons là quelques exemples pris au hasard parmi ceux que fournit l’histoire contemporaine. Les engagemens à court terme des Trésors publics constituent aujourd’hui une sorte de monnaie d’échange fort appréciée des banquiers et qui circule d’une façon incessante sur les principaux marchés. Non seulement ces bons se vendent et s’achètent, mais ils servent de garantie à des avances temporaires que l’on appelle en termes techniques des pensions, et auxquelles de grandes sociétés, telles que les compagnies de chemins de fer, d’assurance, de navigation, consacrent régulièrement des sommes importantes. C’est ainsi que, à l’heure où nous écrivons, il se trouve dans les portefeuilles parisiens une carte d’échantillons de bons du Trésor des pays les plus divers, décantons, de villes, jusqu’à ceux du Congo, récemment émis, au taux de 5 pour 100. Les États modernes voient dans cet élargissement du marché de leurs obligations à court terme une raison de les multiplier. Ils dissimulent souvent par ce moyen une situation, que l’émission de rentes consolidées ferait apparaître plus brutalement aux yeux des contribuables.

C’est un phénomène nouveau que la diffusion extrême de ces valeurs émises par les Trésors publics, qui ne cherchent plus exclusivement leurs acquéreurs, comme autrefois, parmi les nationaux. Il y a quelques semaines, le ministre des Finances autrichien, M. de Zaleski, répondant à un député qui lui reprochait d’avoir traité avec des banques américaines, déclarait, à la tribune du Parlement, que « l’argent a un caractère international et que peu importe le côté d’où il vient, » Cette assertion est significative dans une pareille bouche et à un semblable moment. De nombreux exemples empruntés à l’histoire en démontrent l’exactitude ; mais elle n’avait pas encore revêtu le caractère officiel qui vient en quelque sorte de la consacrer. Quelles