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n’y a point chez eux de trace d’inspiration. Les poètes, cependant, ayant à exprimer les désirs, les espoirs de la liberté, se souciant peu des méthodes, ont laissé dans leur œuvre le souffle sublime de leur cœur, et c’est là qu’un homme trouvera le courage, la joie et la bonne voie pour sa politique.


Dans l’essai consacré au politicien littéraire, se trouve une allusion à une poésie de Wordsworth, L’Heureux Guerrier. Elle prophétise si bien ce qui devait arriver, une vingtaine d’années plus tard, à M. Wilson, que je me permets de citer quelques strophes de cette pièce célèbre :


Who is the happy warrior ? Who is he
That every man in arms should wish to be ?
It is the generous spirit who, when brought
Among the tasks of real life, hath wrought
Upon the plan that pleased his boyish thought.
…………………..
He labours good on good to fix, and owes,
To virtue every triumph that he knowes ;
Who, if he rise to station of command,
Rises by open means ; and there will stand
On honourable terms...
Or, if an unexpected call succeed,
Come when it will, is equal to the need.
……………………
Tis, finally, the man, who, lifted on high.
Conspicuous object in a nation’s eye,
……………………
Plays, in the many gantes of life, that one
Where what he most doth value must be won :
……………………
Finds comfort in himself and in his cause :
And, while the mortal mist is gathering, draws
His breath in confidence of heaven’s applause.


Quel est l’heureux guerrier, quel est cet homme que tout chevalier envierait ? C’est l’esprit généreux qui, affrontant la vie, a forgé l’idéal dont ses jeunes rêves étaient bercés. Il s’efforce à fixer le bien sur le bien, et tous les triomphes qu’il connaît sont dus à ses vertus. S’il s’élève à de hautes destinées, il y sera monté loyalement et n’y demeurera qu’avec dignité. Si un appel inattendu se fait entendre, quelque soit le moment, il sera capable d’y répondre. C’est un homme, finalement, qui, élevé à une grande hauteur, attirant l’œil de toute une nation, a, parmi les nombreux Jeux de la vie, choisi, pour l’atteindre, celui qui lui était le plus cher ; l’homme dont le réconfort est en lui-même et dans sa cause, et qui, se voyant envelopper par les brumes de la mort, respire dans la confiance que le ciel le louera.