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Ses idées, on le voit, datent de loin ; il n’y renoncera pas.

Le nouveau gouverneur montra tout de suite une grande confiance dans ses projets, dans la faveur qu’ils rencontreraient auprès des électeurs, dans la force que lui donnerait son autorité pour obliger les Chambres à les discuter en public. Il était décidé à opposer les séances publiques aux débats secrets des commissions ; tout devait se passer en pleine lumière. Il exposerait en personne les raisons de ses projets, de manière que tout l’État les entendît et que la partie adverse fût obligée d’expliquer les siens. Il reçut des députés, des sénateurs appartenant aux divers partis, et s’entretint avec eux ; il publia de temps en temps des notes adressées à l’opinion. Dans un de ces messages il exprimait la crainte d’être forcé de nommer les membres qui s’opposeraient aux réformes ; il ne fut cependant jamais amené à le faire. Chose nouvelle et qui ne s’était jamais vue, le gouverneur assista aux réunions plénières de son parti. Une de ces réunions dura quatre heures et demie : à la fin, la réunion qui avait été convoquée pour combattre un des projets de loi, le vota à une grande majorité. En un peu plus de deux ans, le gouverneur Wilson parvint non seulement à faire accepter les principales réformes qui figuraient sur son programme, mais plusieurs autres de moindre importance. S’il n’avait pas été élevé à la présidence de la République, il serait encore pendant un an gouverneur de New Jersey, et la liste de ses exploits n’aurait pas manqué de s’allonger.

Un mouvement en faveur de sa nomination à la présidence commença à se faire sentir au cours du printemps de 1911. Il était dû en grande partie à l’admiration excitée par sa ténacité aux prises avec toutes les difficultés qu’il avait rencontrées dans sa lutte contre les bosses de New Jersey. Ces idées nouvelles, ces procédés hardis, dangereux peut-être, mais séduisans, surtout dans un pays comme l’Amérique, avaient fait de M. Wilson un homme très en vue. S’il avait des adversaires acharnés, il avait des amis qui ne l’étaient pas moins. On sait comment, combattu par les uns, exalté par les autres, il devint le candidat de son parti à la présidence de la République.

Pendant la campagne qui s’ouvrit alors, M. Wilson parla fréquemment en public sur tous les sujets qui préoccupent si vivement à l’heure actuelle la nation américaine ; mais la plupart de ces questions sont d’un ordre purement domestique et