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celles d’un homme auquel a été conféré par ses concitoyens la plus haute magistrature dont ils disposent. Y a-t-il entre les uns et les autres une différence ? Tout porte à croire que, s’il y en a une, elle n’est pas grande. On a déjà pu s’en apercevoir en lisant le discours d’inauguration que, d’après une coutume vieille de plus d’un siècle, M. Wilson a prononcé le 4 mars sous le portique Est du magnifique Capitole de Washington, après y avoir prêté serment à la Constitution, entouré du corps diplomatique, de hauts personnages officiels et des membres du Congrès, et faisant face a une foule immense. Son discours était l’écho fidèle de ceux qui l’avaient précédé, comme le sera le livre qu’il va publier.

J’ai vu les épreuves de ce livre, autant que le permettait l’état incomplet où il était encore il y a quelques jours. Certaines parties en paraissent d’ailleurs depuis janvier dans une grande revue mensuelle de New York, The World’s Work. Il suffit de dire ici que le volume est imprégné d’un esprit très radical. M. Wilson rejoint fermement et ouvertement la partie progressiste de son parti : il espère sans doute ainsi trouver un appui dans les quatre millions et plus d’électeurs qui ont donné l’automne dernier leurs voix à M. Roosevelt. Y réussira-t-il ? C’est le secret de l’avenir.


III

Il n’est pas sans intérêt, en terminant cet article, de dire quelles sont les vues de M. Wilson sur la présidence et sur les pouvoirs qu’il est appelé à exercer : c’est en effet comme président qu’il réussira ou qu’il échouera dans l’exécution d’une politique qui a excité une grande attente chez tant d’Américains, non sans provoquer quelque inquiétude chez les autres. Mais l’espérance est aujourd’hui le sentiment qui domine. Un souffle nouveau, périlleux peut-être, très fort assurément, passe sur le pays. La manière dont M. Wilson comprend ses pouvoirs et se propose de les exercer importe fort au succès de ses entreprises. C’est encore une fois à lui-même, c’est-à-dire à ses écrits que nous demanderons une réponse aux questions qui se posent à son sujet.

Sur certains points, ses vues sont diamétralement opposées à celles de son parti. En voici un exemple pris dans les « planches » de la plate-forme de la Convention de Baltimore :