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REVUE DRAMATIQUE


Gymnase : La Demoiselle de magasin, comédie en trois actes, par MM. Fonson et Wicheler. — Odéon : La Maison divisée, drame en trois actes, par M. André Fernet. — La Nuit florentine, comédie en quatre actes, en vers, par M. Emile Bergerat. — Turcaret, comédie de Le Sage.


Un des genres les plus décriés et les plus chers au public, c’est le vaudeville sentimental. Depuis Eugène Scribe, qui y excella et lui dut le meilleur de sa vogue, il est un peu usé. C’est ce qui le rend d’un emploi difficile. Les moyens en ont si souvent servi, les procédés en sont si connus, les types en sont devenus d’une telle banalité que toute pièce où nous les retrouvons nous fait l’effet d’avoir été déjà vue, et assez vue. Le genre est vieillot, il n’y a pas à dire. Mais qu’un auteur réussisse aie rajeunir tant soit peu, qu’il en ravive légèrement les couleurs fanées, qu’il en dissimule les ressorts fatigués sous un déguisement aimable, aussitôt on y court. Ce fut le cas pour le Mariage de Mademoiselle Beulemans, dont on n’a pas oublié la vogue universelle et durable. La Demoiselle de magasin part tout à fait de la même veine et ne peut manquer d’avoir, elle aussi, un joli succès.

Ce qui plaît dans une telle pièce, c’est qu’étant belge, elle ne cherche pas à se donner des airs d’être parisienne. Au lieu de dissimuler sa provenance, elle l’affiche. Au lieu d’atténuer la saveur de son origine et le bouquet de son cru, elle en rajouterait plutôt. Belge, elle l’est sans vergogne et sans retenue. L’accent des acteurs, les tournures du langage, la peinture des mœurs, tout y est belge et belge et demi. Aimez-vous le belge ? On l’aime au théâtre, une fois de temps en temps, et le seul emploi de locutions qui ne passeraient pas à la douane amuse un public français. Qu’un personnage annonce