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Mme de Genlis que fut rédigé l’exposé du plan que le Duc d’Orléans signifie à sa femme :


Avril 1791.

« Ma fille n’aura point de gouvernante, mais une femme avec le titre d’institutrice qui mangera avec elle et qui aura toute autorité sur elle et sur les autres personnes attachées à son éducation. Je connois cette femme depuis longtemps, elle a soixante ans, une bonne santé, des opinions qui me conviennent parfaitement, elle a enseigné pendant quinze ans l’Histoire et la Géographie, elle a fait un ouvrage sur l’histoire romaine, ma fille la connoit depuis son enfance et a de l’amitié pour elle, elle s’appelle Mme Topin.

« Mlle de Sercey[1] restera auprès de ma fille seulement quelques mois afin de lui adoucir la solitude où elle va se trouver. Les personnes attachées à son éducation et à son service seront : un répétiteur de musique, M. Lepeintre, pour le dessin, Mlle Rime, femme de chambre, une femme de garde-robe, Horain, son valet de chambre, deux valets de pied. J’enverrai ma fille avec les personnes ci-dessus nommées à l’abbaye de (lacune) aussitôt qu’elle pourra partir sans me donner d’inquiétudes sur sa santé. J’enverrai avec elle à ce couvent, pour les premiers mois, M. Couad (chirurgien). Ma fille ne recevra l’été et l’automne que Mme d’Orléans, ses frères et moi ; Mme d’Orléans, lorsqu’elle ira la voir, ne lui mènera qui que ce soit sans exception, et sous aucun prétexte ne la fera sortir de son couvent. Ma fille ne viendra habiter Bellechasse qu’à la fin de l’automne, elle n’en sortira que pour aller se promener et toujours suivie de Mme Topin, ce qui en hiver n’arrivera qu’à peu près tous les quinze jours. Elle n’ira au Palais-Royal que dans le cas où Mme d’Orléans seroit malade, et alors toujours suivie de Mme Topin. Du reste, elle n’y dînera jamais, elle ne fera de visite à personne, excepté au jour de l’an, à son grand-père. Elle ne recevra à diner à Bellechasse que Mme d’Orléans, ses frères et M. de Penthièvre, en visites que ma sœur[2], Mme de Lamballe, Mme de Valence, MM. de Sillery et de Valence, et Mlle de Coigni qu’elle aime. Si elle le désire, je lui permettrai de donner dans le cours de l’hiver quatre ou cinq comédies et autant de bals, et je ferai

  1. Nièce de Mme de Genlis.
  2. La Duchesse de Bourbon.