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La réponse ne se fait pas attendre :


Ce 7 avril (1792).

« Non seulement, mon cher enfant, je vous ai permis de me tout dire, mais ainsi que je vous l’ai répété souvent, j’ai désiré et désire bien vivement votre entière confiance sur tous les points ; ah ! croyés en le cœur de votre mère, partager vos peines, votre bonheur, est pour elle le premier des besoins !

« Je sens comme je le dois le prix de la confidence que vous me faites, et vous aviés bien raison de croire qu’elle seroit pour moi le principe de réflexions bien satisfaisantes, car de vous voir attaché à vos principes de religion, à la pureté de vos mœurs, est une consolation bien grande pour moi ; mais, cher enfant, je suis bien tourmentée de ce que vous souffrés, et tout ce que je puis vous dire à cet égard, votre propre cœur vous l’a dit déjà : vous avés éprouvé combien la pratique de la vertu a de la douceur, car les sacrifices les plus pénibles dans le moment, deviennent pour une âme honnête une source de bonheur bien véritable ; que le suffrage de votre mère, joint à tous ces motifs, vous affermissent dans vos résolutions, et évités autant que possible toutes les occasions qui pourroient vous exposer à des combats dont votre santé souffriroit ; cette idée est bien cruelle pour moi, et je vous prie, cher enfant, de parler à M. Couad en qui je scai que vous avés confiance ; on ne peut rien ajouter à la sobriété de votre régime, mais il me semble que beaucoup d’exercice vous seroit bon, enfin il pourra vous donner des conseils que je vous demande instamment de suivre ? je ne pourrois supporter des inquiétudes qui porteroient sur votre conservation.

« Nous soumettre aux peines que Dieu nous envoyé, mon cher enfant, est un devoir qui porte avec lui sa récompense, j’ai tasché toute ma vie de le mettre en pratique, j’en ai eu souvent bien besoin, et je m’en suis toujours bien trouvé. Je vois avec joie que vous possédés cette vertu qui est bien nécessaire dans le courant de la vie.

« Puissiés-vous, mon cher enfant, n’estre dans le cas d’en faire usage que le moins possible ! Voilà le vœu de votre tendre mère, de votre meilleure amie, qui pense à vous sans cesse et dont la vie entière sera consacrée à vous prouver toute sa tendresse, vous ne pourrés juger de toute son étendue, cher enfant, que lorsque vous connaitrés parfaitement le cœur et le