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chasteté ; le patriotisme ; — et sur chacun de ces points il y a, soit de l’auteur, soit de ses correspondans, des professions de foi, des déclarations, des exposés qui sont très réconfortans et quelquefois même d’une très haute beauté morale.

On voit avec plaisir le goût d’agir être une passion, et en même temps, et ce qui vaut mieux, une volonté chez les nouveaux venus. Ce qui les gène, c’est la question de savoir si pour agir il faut renoncer à penser et, disons-le, comme ce qui précède nous l’annonçait, la plupart inclinent à croire que c’est en effet le parti à prendre. Agir sans principe d’action, réaliser une idée (car agir n’est autre chose) sans avoir aucune idée ; agir pour agir et c’est-à-dire faire, quoi ? rien ; telle semble être, plus ou moins confuse, leur idée générale.

Cependant quelques-uns ne poussent pas jusque-là le mépris de l’intelligence. M. Psichari, homme d’action s’il en est, puisque, après avoir étudié en lettres, il est devenu officier colonial, proteste contre l’anti-intellectualisme avec une vivacité singulière : « Quoi que nous fassions, écrit-il, nous mettrons toujours l’intelligence au-dessus de tout. Il est possible que la pureté de cœur vaille mieux, mais... « On n’est pas pour rien le petit-fils de M. Renan et l’on retrouve de temps en temps sur son bureau la plume et dans son cerveau l’esprit de son aïeul... « mais un Français croira toujours que le péché est plus agréable à Dieu que la bêtise. » Moi, je n’en sais rien, mais j’estime, d’abord que c’est bien spirituel, et ensuite, que c’est une idée vraisemblable, comme disaient les académistes qui étaient très prudens, et une opinion probable, comme disent les Jésuites, qui sont les plus prudens de tous les hommes.

Avec moins d’esprit, mais presque aussi vivement, d’autres le disent dans ce volume : « ... Je m’étonne de voir opposer la pensée pure à l’action ; l’une est pour moi l’envers (le verso, et si je corrige, c’est pour mieux faire comprendre et non pas que l’expression soit fausse, car elle est très juste), l’envers de l’autre. » Et c’est ceci qui est la vérité même.

Un autre : » On ne saurait nier que les jeunes gens d’aujourd’hui soient dans une large mesure pragmatistes, de ceux pour qui, selon le mot de Boutroux, « la science tend à l’action et n’a pas d’autre objet que l’action. »

L’auteur lui-même, après avoir dit : « Cette génération, consciemment ou d’instinct, est anti-intellectualiste, » et ne l’en avoir