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séminaires le devient pareillement. Mais notre auteur a réponse à tout, et il nous assure que, tant au point de vue du goût de l’action qu’au point de vue du « goût de Dieu, » comme disait Bossuet, la jeunesse actuelle commence seulement une évolution dont les effets viendront plus tard, commence à dessiner une courbe qui aboutira prochainement au repeuplement des séminaires laïques et des séminaires religieux. Cela s’entend : quoique actionnistes, nos jeunes gens en sont encore, et pour l’action et pour la foi, à l’amour platonique ; et l’amour platonique amènera assez vite l’amour réalisateur. J’admets, avec bienveillance.


Une autre vertu de la jeunesse contemporaine, déjà signalée par M. Marcel Prévost et que pour mon compte je constate tous les jours, — et ici je ne mettrai aucune réserve ironique, — c’est la régularité des mœurs et le mariage jeune. J’ai assez préconisé le mariage jeune pour voir cela avec la plus chaude satisfaction. C’est là que serait, là, vraiment, plus peut-être que dans le mépris de l’intelligence, le salut de la nation et le gage de sa grandeur future. Ici, et j’estime que l’auteur a raison en raison, et aussi qu’il signale un fait vrai.


Une autre vertu de la génération nouvelle est le retour au classicisme. Je ne crois pas véhémentement à la fameuse » vertu éducatrice » d’aucune littérature, et les littératures sont un art, et la culture qu’elles donnent est un art aussi et n’est que très peu autre chose. Je ne. crois pas non plus que la littérature d’un Tibulle ni même d’un Virgile, d’un André Chénier, d’un Racine ou même d’un Corneille soit plus moralisante que celle d’un Victor Hugo ou d’un Lamartine. Ce sont les prêtres et les philosophes qui enseignent la morale et qui en donnent le goût et non point du tout les poètes, classiques, romantiques ou autres. Mais les classiques donnant du goût, généralement, et le goût étant une bonne chose pour savourer sainement et les classiques et les romantiques et les littérateurs étrangers, je ne saurais qu’être satisfait de savoir, et de voir du reste, que la jeunesse devient classique. Cela lui donnera du goût et suppose qu’elle