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classes correspondantes, l’une allemande et l’autre française. Encore doit-on observer que nos rendemens voisins de 50 pour 100 ne sont aussi élevés que parce que nous incorporons avec les bons, les demi-bons et les quart de bons ; ils trouvent leur contre-partie dans les déclassemens, chaque année plus nombreux, d’hommes passés du service armé au service auxiliaire, dans un état sanitaire généralement médiocre, dans un tribut plus lourd payé à la tuberculose et aux autres causes de réforme, enfin, dans cette conséquence inévitable, qu’en imposant à de jeunes soldats des fatigues au-dessus de leurs forces, on rend plus brutale et plus meurtrière pour eux la sélection physique du régiment.


L’existence d’un robuste cadre de sous-officiers est d’autant plus nécessaire que la troupe sert moins longtemps et qu’elle ne fait pour ainsi dire que fuir à travers ce cadre ; mais la formation en devient d’autant plus difficile aussi, le temps étant mesuré court pour choisir les gradés et pour les initier à leurs devoirs. Les Allemands ont résolu ce dilemme en constituant leurs sous-officiers en un véritable corps de métier, fort de 90 000 hommes selon les fixations de 1911, de 95 000 selon celles de 1912, de 110 000 selon celles de 1913. Tous rengagés, ces agens subalternes de commandement assurent à eux seuls l’encadrement de la troupe, le grade de caporal n’existant pas et la chambrée ne contenant que des Gefreite, c’est-à-dire des premiers soldats.

Nos mœurs démocratiques ne nous auraient pas permis de copier en ce point l’organisation de nos voisins et de former nos sous-officiers en une caste professionnelle, ouverte au plus tôt au soldat après deux ans de noviciat. Quand nous l’aurions fait, le recrutement en serait resté difficile, en raison de notre état social ; et c’est ce que le rédacteur de notre récente loi des cadres de l’infanterie a implicitement reconnu, quand, en abaissant de 7 000 le nombre des sous-officiers rengagés de l’armée, il a réduit des 3/4 aux 2/3 la proportion des rengagés.

Au demeurant, nous n’avons, selon le budget de 1913, que 34 200 sous-officiers de carrière (sur lesquels 31 300 dans la métropole). Le nombre de nos caporaux rengagés est de 8 000 (sur lesquels 5 000 dans la métropole) : on en escomptait 23 000, lors de l’élaboration de la loi de 1905. On espérait en outre constituer,