Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 14.djvu/881

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour nous, dans le domaine des achats encore à faire, l’équivalent de ces étendues de landes, de prairies et de bruyères dont l’armée allemande dispose depuis dix ans pour ses évolutions. Autant qu’à elle, ou plus encore qu’à elle, en raison du poids nouveau dont l’instruction de nos régimens de réserve venait peser dans notre balance, les mêmes camps nous étaient nécessaires, et il existait bien chez nous, depuis 1897, un plan selon lequel un camp de division devait être attribué à chacun de nos corps d’armée ; mais jusqu’en 1908, il n’avait pu être alloué encore pour ce chapitre qu’un crédit total de 30 millions. Ces résultats décourageans firent qu’on n’osa plus parler que de camps de brigade. Dix nouveaux millions, en quatre ans, furent attribués à cette rubrique modeste, et voici maintenant notre situation : nous possédons huit camps inachevés, trois de division, cinq de brigade ; les Allemands en ont vingt-cinq, sur lesquels seize de 3 500 hectares, qu’on portera bientôt à 5 600 hectares, sont propres au rassemblement de divisions. En outre, un fonds spécial de 105 millions, provenant de la vente de terrains militaires aux environs de Berlin, sera affecté à la création de cinq nouveaux camps, si bien qu’avant peu, l’Allemagne ne sera plus éloignée d’avoir réalisé le camp de division par corps d’armée.

Un projet dressé par notre état-major vise aujourd’hui chez nous l’achèvement en six ans de dix camps de division : la Courtine, qui existe déjà, Coetquidan, Sissonne, Valdahon, qu’on transformera, et six autres à créer de toutes pièces. Les camps de Châlons et de Mailly, agrandis, pourront servir à des évolutions de corps d’armée ; ceux dii Larzac et de Sauge seront utilisés dans leur état actuel. Les acquisitions nouvelles étant faites cette année même, les premiers aménagemens, l’an prochain, les camps nouveaux pourraient être occupés en partie dès 1915.

Les 214 millions demandés pour l’armement proprement dit paraissent destinés soit à la constitution d’équipages légers d’artillerie, — s’il est vrai qu’en ce point nos besoins stratégiques soient les mêmes que ceux de l’Allemagne, — soit à la réfection d’un matériel de siège qui a vieilli. Le génie complétera son outillage de campagne, renforcera ses places fortes et nous donnera les huits grands dirigeables qui manquent à notre flotte aérienne. La manière dont l’intendance utilisera son crédit nouveau de 21 millions se devine si l’on remarque que depuis 1907