Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 14.djvu/931

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ailleurs :


Ta douleur se fera plus pure
Et tu la verras se calmer,
Si tu permets au temps, qui connaît tous les charmes.
D’épuiser lentement la source de tes larmes.


Enfin : .


Je t’aurais tant aimée,
J’aurais fait de chaque heure,
En tes petites mains
Une rose embaumée.


Il ne paraît pas douteux que cette poésie ne soit, en effet, dans le sens où nous prenions l’expression tout à l’heure, « d’après » la prose d’Alfred de Musset.

Musicien de Carmosine aujourd’hui, M. Février le fut il y a quelques années, et non sans talent, de Monna Vanna. Si nous avons bonne mémoire, sa musique effleurait trop souvent, au lieu de la pénétrer, la tragédie de M. Maurice Maeterlinck. Il est dommage qu’elle continue de s’arrêter et de se complaire à d’insignifians dehors. Le premier acte de Carmosine, celui du tournoi, ne consiste guère qu’en des chœurs de peuple et de fête, à tout moment traversés par ces trompettes dont Maître Bernard, le jour de ses noces, eut grandement raison de se passer. Comme le premier acte, une bonne partie du troisième (la fête à la Cour) n’est que représentation et spectacle. Il offre au regard, à l’oreille, les épisodes « obligés : » cortèges, ballets et le reste, y compris l’inévitable autant que fâcheuse valse lente, qu’il faudrait laisser une bonne fois aux établissemens lyriques et chorégraphiques d’une certaine catégorie.

Après la musique décorative, passons à la musique sentimentale. Inutile de nous arrêter à la musique plaisante, ou qui devrait l’être. Cette dernière est faiblement représentée, sans beaucoup de finesse et d’éclat, par la romanesque dame Pâque et par ce chevalier ridicule, cet amoureux éconduit, Messer Lyspariano, dont Musset tout seul avait fait un fantoche autrement réjouissant. Quant au sentiment, la partition de Carmosine en est pleine, elle en déborde même. Et de ce sentiment, l’expression est toujours sincère, facile toujours, et trop facile souvent, l’étant jusqu’à la banalité. L’originalité, le caractère, voilà ce qui manque au style correct, agréable et, si l’on veut, élégant, mais d’une élégance bourgeoise, de M. Henry Février. D’ailleurs, comme on dit vulgairement, l’auteur de Carmosine « sait bien son