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plan en relief du détroit que la Société française du Tunnel a fait faire et a envoyé à l’Exposition de Gand, — qu’il considérait comme certaines les prévisions faites, en 1876 et en 1877, par MM. Potier et de Lapparent, et qu’on pouvait considérer comme indiscutable la présence régulière dans tout le détroit, avec une épaisseur uniforme de 60 mètres environ, de la couche de craie grise dure et imperméable, dans laquelle le tunnel pourrait cheminer sans aucun mécompte.

Dans ces conditions, il est permis de dire que le problème de la création du tunnel consiste, à partir de chacune des falaises du Blanc-Nez et de Douvres, du point situé à l’air libre au-dessus du niveau de la mer où apparaît la couche de craie grise et imperméable, à suivre cette couche dans son plongement et dans ses divers contournemens. Tout le problème consiste à ne pas sortir de cette couche et à se tenir suffisamment loin de ses surfaces inférieure et supérieure en restant à une distance toujours suffisante des formations placées en dessus ou en dessous, qui amèneraient au tunnel des venues d’eau capables de troubler sa construction et son exploitation futures.

Au moment où les premières études ont été faites, vers 1880, le problème de rester dans ces couches se présentait dans des conditions qui donnaient quelques inquiétudes.

Pour pouvoir faire du tunnel un chemin de fer donnant passage à des trains lourds et très rapides, il fallait, avec le mode de traction connu à cette époque, c’est-à-dire avec la traction à vapeur et à eau surchauffée, adopter des pentes très faibles et des courbes de grand rayon, qui rendaient beaucoup plus difficile le moyen de se tenir constamment dans la couche de craie grise dure et imperméable. L’emploi de la traction électrique, — en nous permettant d’obtenir les mêmes puissances et les mêmes vitesses avec des courbes qui peuvent descendre à 250 mètres ou 300 mètres de rayon, et avec des pentes qui peuvent aller jusqu’à 10 ou 15 millimètres, — rend le problème infiniment plus facile et ne laisse plus aucun doute sur la possibilité que le tunnel suive toutes les inflexions et toutes les dénivellations qu’on pourra rencontrer en se tenant dans la couche de craie cénomanienne.

Etant donné cette possibilité, qu’on est en droit de considérer comme démontrée, que nous trouverons entre la France et