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c’est une merveille. Je n’en ai pas tiré parti, comme je l’aurais souhaité. Après Pie IX, il y avait un homme dans le monde, c’était lui. J’ai oublié de dire dans mon article qu’il était beau, grand, fort, éloquent, que toute bonne œuvre le trouvait prêt comme tout péril, qu’il allait soigner les malades, qu’à Paris il passait du temps à promener un enfant qu’on lui avait confié. Ses gens qui l’ont toujours connu ne se souviennent pas de l’avoir vu trembler pour lui-même, et il pleurait avec les affligés. On l’a tué. Oh ! qu’il fera bon s’en aller !

Adieu, chère amie, tendresses à Alexis.


A Madame Rosalie,


27 septembre 1875.

Chère Madame, c’est peu bien, bien guère de vous dire bonjour une ou deux fois par an. Il est vrai pourtant que nos sentimens ont de la sérieuse ardeur, mais il est vrai aussi que nous sommes considérablement ours. Quand on a tant vécu, c’est le vœu de la nature et le conseil de la sagesse. On reste dans les solitudes, dans les déserts, pour conserver un reste de jeunesse à montrer de loin à ceux qu’on aima. Depuis longtemps je sens le besoin de faire cette sortie. Dans mon désert de Paris, il y a trop de chevaux, trop d’hommes et pas assez de montagnes. Me voici. Que Maynoac est charmant et que vous êtes belle ! Je ne puis pas m’élever jusqu’à vous, mais je vous aperçois sur votre montagne. Nous sommes vieux, mais remarquez pourtant comme notre vue est perçante et comme nous ne sommes pas des gens de peu, grâce au signe de notre Jésus que nous portons l’un et l’autre. Vous me découvrez sur les bords du ruisseau de la rue du Bac et je vous vois resplendir sur les hauteurs des Pyrénées. Bonjour, Madame, que je n’ai jamais rencontrée et que probablement je ne rencontrerai jamais, bonjour ; chère amie, que le cœur de Jésus m’a fait reconnaître ; bonjour ma Rosalie. C’est moi le garçon à la mère François. Il est vraiment dommage que nous ne puissions pas nous trouver avec Léontine dans un coin quelconque de Paris ou des départemens. Malgré les étouffemens, les rhumatismes et les névroses, nous ne laisserions pas de tailler une bonne bavette.

Je vous envoie la lettre du bon curé de Béroges (?) à qui vous avez voulu donner une église. Léontine s’étant mise de la partie,