Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/705

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui n’ont jamais compris, — peut-être pour ne l’avoir jamais connue, — la volupté sacrée qu’à ses amans verse la découverte, la chasse à l’inconnu quel qu’il soit.


PROPRIÉTÉS PHYSIQUES DE L’ULTRA-VIOLET

Les rayons ultra-violets aujourd’hui connus s’étendent donc de 0,10 µ à 0,4 µ, c’est-à-dire qu’ils occupent deux octaves dans le spectre, tandis que les rayons visibles n’en occupent qu’une. Est-ce à dire qu’on ne trouvera pas encore de nouveaux rayons au delà ? C’est une question à laquelle il sera d’autant plus difficile de répondre à l’avenir que tous les corps, y compris les gaz, comme l’a remarqué M. Léon Bloch, semblent absorber de plus en plus énergiquement la lumière à mesure qu’on s’avance très loin dans l’ultra-violet, tandis qu’au contraire les rayons infra-rouges traversent un grand nombre de corps opaques à la lumière (papier noir, ébonite, etc.). Nous ne pouvons encore savoir avec certitude s’il y a ou non une fréquence limite au delà de laquelle les vibrations optiques cessent d’exister. Certaines expériences récentes, faites notamment par le physicien allemand Laue et ses élèves, tendent pourtant à établir que les rayons Rœntgen sont peut-être des ondulations qui, dans le spectre, se placent à la suite de l’ultra-violet. Mais elles sont bien loin de lui, puisque leur longueur d’onde serait de l’ordre du cent-millionième de millimètre, c’est-à-dire à près de quinze octaves des rayons de Schumann.

Si nos rétines, au lieu d’être ce qu’elles sont, étaient sensibles uniquement à la lumière ultra-violette, l’univers serait pour nous assez différent de ce qu’il paraît. Un exemple le montrera : si on plonge le doigt dans de la poudre d’oxyde de zinc et qu’on le frotte sur une feuille de papier blanc, nous ne pouvons pas distinguer la présence des traces de poudre blanche. Si au contraire on photographie le papier avec de la lumière ultra-violette, les traînées de cette poudre s’y détachent aussi noires que si elles avaient été faites avec du charbon pulvérisé. De là est née l’idée, qui dès maintenant a conduit à des résultats fort curieux entre les mains du physicien américain Wood, de photographier les astres, par le moyen d’écrans convenables, avec leurs seuls rayons ultra-violets. Il faut rattacher au même ordre d’idées les expériences récemment exposées à l’Académie des Sciences, qui ont permis par la photographie de déceler, sur certains tableaux anciens, des signatures de maîtres complètement invisibles à l’œil nu, et de les authentifier. Les ondes ultra-violettes sont si petites qu’au